Avant le 49.3, cet argument du gouvernement contre les grévistes se retourne contre lui

Cet argument du gouvernement (ici Élisabeth Borne et Bruno Le Maire) contre les grévistes se retourne contre lui avant le 49.3.
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Cet argument du gouvernement (ici Élisabeth Borne et Bruno Le Maire) contre les grévistes se retourne contre lui avant le 49.3.

POLITIQUE - Effet boomerang. La France insoumise renvoie le gouvernement à une « minorité » « autoritaire » et « fébrile » ce mercredi 19 octobre, quelques heures avant que celui-ci actionne le 49.3 pour faire adopter sans vote la première partie du projet de budget. Une façon de reprendre à son compte l’argumentaire des ministres contre les grévistes de la CGT, responsables, selon eux, de bloquer les dépôts de raffinerie.

Citant sur France 2 le ministre des Finances Bruno Le Maire, qui avait estimé à propos de la CGT de TotalÉnergies que « dans une démocratie, ce n’est pas une minorité qui dicte sa loi à la majorité », la présidente du groupe LFI Mathilde Panot a déclaré : « C’est exactement ce qu’ils sont en train de faire à l’Assemblée nationale ! ».

« La composition de l’Assemblée correspond au choix des Françaises et des Français en juin dernier. Ce choix a amené à ce que la Macronie perde la majorité absolue », a ainsi rappelé la cheffe des insoumis au Palais Bourbon, comme vous pouvez le voir ci-dessous (à partir de 2’), avant de marteler : « Je ne suis pas d’accord avec le fait que nous votions des amendements à la majorité, et qu’à la fin il y ait une brutalisation des débats, avec un 49.3. » Cet article controversé de la Constitution permet effectivement à l’exécutif de faire adopter un texte sans vote.

Dans le même esprit, sa collègue Danièle Obono estime que les troupes du président de la République ont un « problème dans le fait de reconnaître que, sur un certain nombre de votes, elle peut être mise en minorité ». Pour l’élue de Seine-Saint-Denis, il s’agit d’une « minorité présidentielle » qui « fait montre de sa fébrilité, de sa faiblesse » alors que « les débats ont eu lieu pendant plusieurs heures et ont été de bonne tenue ».

Le gouvernement renvoyé à sa « minorité »

La veille, c’est Éric Coquerel, le patron de la commission des Finances de l’Assemblée qui usait des mêmes arguments lors des traditionnelles questions au gouvernement. Pour mieux pointer les contradictions, apparentes au moins, dans l’argumentaire d’Élisabeth Borne et de ses ministres.

« Vous estimiez, dans un journal télévisé, qu’une minorité de grévistes ne pouvait imposer ses vues à un accord soi-disant majoritaire », a-t-il ainsi rappelé à la cheffe du gouvernement en citant les mots qu’elle employait dimanche sur TF1 pour condamner les actions syndicales dans les raffineries. Et s’il réfute ce diagnostic à propos du conflit en cours, l’insoumis estime que l’exécutif doit désormais « appliquer cette logique » dans les débats au Parlement. Question de cohérence. En vain ? Le gouvernement a déjà annoncé qu’il ne reprendrait pas l’intégralité des dispositions adoptées par l’Assemblée nationale.

En d’autres termes, ceux d’Éric Coquerel, « un gouvernement minoritaire censure des amendements adoptés par une majorité de l’Assemblée pour imposer un budget antisocial via le 49.3.  » Ou comment résumer les critiques de la gauche avant cette procédure accélérée.

« Les décisions prises au sein de l’hémicycle doivent être entendues »
Un cadre Renaissance à l’Assemblée

Plus inquiétant pour l’exécutif, ces regrets, acerbes, ne se cantonnent pas forcément aux élus de la Nupes après des débats marqués, au Palais Bourbon, par un début de fronde en Macronie. La France « a besoin de justice et de signes de justice », a par exemple prévenu François Bayrou, le patron du MoDem ce mercredi sur France Inter, alors que Bruno Le Maire exclut de reprendre la taxe sur les super-dividendes, un dispositif adopté par le Palais Bourbon sous l’impulsion des centristes.

« Les décisions prises au sein de l’hémicycle doivent être entendues », soufflait pour sa part un cadre de Rennaissance (ex-LREM) à l’Assemblée auprès du HuffPost en début de semaine. Sans se faire trop d’illusions : « Le Parlement doit prendre toute sa place. Nous n’y sommes pas encore. »

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