Une autre agriculture est possible

En France, en Allemagne, en Grèce, en Pologne, en Roumanie, les agriculteurs sont colères. Si leurs revendications varient d’un bout à l’autre du continent, cette crise rappelle que l’adaptation au changement climatique ne se fera pas dans la douceur. Qu’on la choisisse ou la subisse, elle est de toute façon en route, avec l’accélération des événements climatiques extrêmes. Les sécheresses remettent en cause le choix des cultures, de l’huile d’olive, en Espagne, à la vigne, en France. Les inondations obligent à repenser l’infrastructure des villes et des côtes.

Et cette transition des systèmes alimentaires a un coût social. Sous la pression, les dirigeants politiques tentent d’éteindre l’incendie agricole. C’est la France et l’Allemagne qui reviennent sur la fin des subventions au gazole. C’est la dérogation à l’obligation de mettre en jachère ou en haies, fossés et mares 4 % des terres arables, qui sera sans doute discutée aujourd’hui au sommet européen. Bref, c’est revenir sur le Pacte vert, décidé par l’Union européenne en 2019 pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce pacte envisageait de réduire de moitié l’utilisation des pesticides, d’augmenter la biodiversité et de doubler la surface des terres cultivées en bio d’ici à 2030.

Car le secteur agricole est responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. L’élevage représente 12 % du total mondial et environ 40 % de l’ensemble des émissions provenant des systèmes agroalimentaires, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’agriculture se trouve donc à la fois “coupable” et “victime” du dérèglement climatique, écrivait Climate News, lors de la COP28 à Dubaï.

Dans tous les cas, elle est sous pression. Selon les Nations unies, pour nourrir les plus de 8 milliards d’habitants à l’horizon 2050, il faudrait augmenter de 70 % la production d’origine végétale et animale par rapport à 2009, rappelle The Guardian. Le dernier rapport de la FAO, paru à l’occasion de la COP28, en novembre 2023, affirme qu’il “existe des solutions pour produire davantage tout en réduisant les émissions dans l’ensemble des régions et des systèmes de production”. La bonne nouvelle, que porte la FAO comme le tout nouveau rapport du groupe international de chercheurs de la Food System Economics Commission, et dont se fait l’écho le Financial Times cette semaine, c’est que la voie vers un système alimentaire mondial durable n’est pas si bouchée qu’on voudrait le croire.

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