«Je me suis autorisé à produire un texte bourré de trous et d’instabilité»

Entretien avec l’auteur de «Votre message…»

Libération a rencontré Joshua Cohen à Paris, au retour d’une tournée promotionnelle en Allemagne où Book of Numbers est en passe de devenir un best-seller.

Vous avez publié Votre message a été envoyé aux Etats-Unis en 2012 chez un éditeur indépendant. Depuis, vous avez écrit deux livres très différents pour des éditeurs plus conséquents. Quel rôle ce recueil a joué dans votre évolution en tant qu’écrivain ?

Tous mes livres sont différents. Tous sont des romans ratés. Celui-ci revêt une importance toute particulière puisque je le tiens pour le plus honnête de tous ceux que j’ai écrits. Je ne suis pas certain que titrer ce recueil 4 New Messages[le titre original du livre, ndlr] est aussi clair que «4 romans ratés», mais je tenais à ce que le livre qui suivrait Witz, le roman le plus long et le plus difficile que j’ai écrit à ce jour, pose la question de l’impossibilité de sa propre écriture.

Les quatre nouvelles du recueil ont-elles toutes été initialement des romans ?

Pour celle intitulée «Envoyé», je me suis retrouvé avec un texte de 300 pages qui avait l’aspect d’un roman assez traditionnel. Puis j’ai réalisé que mon projet était raté puisque son écriture n’exprimait pas ce sentiment unique d’être en ligne, à la recherche désespérée d’une chose dont on n’est pas certain de ce qu’elle est en réalité. J’ai donc entrepris de tout démonter. J’ai beau être un écrivain maximaliste, obsédé par le désir insatiable de tout dire sur chaque sujet, je me suis autorisé à produire un texte bourré de trous et d’instabilité.

Vous avez recours à l’un des procédés les plus emblématiques du postmodernisme américain, la métafiction - c’est-à-dire la fiction consciente de son statut et qui le questionne en même temps qu’elle prend en charge un récit.

Je suis né en 1980, si bien que je ne me suis pas connecté à Internet avant d’aller à l’université. Et comme beaucoup de gens de mon âge, j’ai le sentiment d’être en deuil d’un monde qui nous a (...)

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