Aung San Suu Kyi félicitée par le président birman

Le président birman, Thein Sein, a félicité mercredi l'opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, dont le parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), est en passe de remporter une victoire écrasante aux premières élections libres dans le pays depuis un quart de siècle. /Photo prise le 8 novembre 2015/REUTERS/Jorge Silva

par Aung Hla Tun et Tim McLaughlin RANGOUN (Reuters) - Le président birman, Thein Sein, a félicité mercredi l'opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, dont le parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), est en passe de remporter une victoire écrasante aux premières élections libres dans le pays depuis un quart de siècle. Si les résultats définitifs confirment cette tendance, le triomphe d'Aung San Suu Kyi balaiera de la carte électorale la vieille garde des anciens généraux qui dirige la Birmanie depuis que la junte a transmis le pouvoir en 2011 à un gouvernement semi-civil. Thein Sein a réaffirmé que le gouvernement sortant accepterait les résultats de l'élection et a accepté, dans son principe, la demande d'Aung San Suu Kyi d'ouverture rapide de discussions sur le thème de la réconciliation nationale. Il reste encore à fixer la date et le lieu de ces négociations. La LND a remporté plus de 80% des sièges attribués jusqu'à présent à la chambre basse du parlement, et est nettement en tête à la chambre haute, de même que dans les assemblées régionales, au vu des résultats officiels, encore partiels, des élections du 8 novembre. "Félicitations (...) à la présidente Aung San Suu Kyi et à son parti pour avoir obtenu le soutien du peuple", dit-on dans un communiqué publié sur la page Facebook du porte-parole de la présidence. "Le gouvernement respectera et suivra le choix et la décision du peuple et travaillera à la transmission pacifique du pouvoir selon le calendrier", poursuit le communiqué. Le président travaillera avec "toutes les autres personnes" pour assurer la stabilité dans la période post-électorale, dit encore le porte-parole de la présidence. RAMENER LA PAIX L'armée a également félicité la LND sur son compte Facebook (Myawady) et promis une rencontre entre Aung San Suu et le puissant chef de l'armée, Min Aung Hlaing, dont on dit les relations tendues. Cette rencontre aura lieu une fois proclamés les résultats définifs, déclare l'armée. L'armée conserve un pouvoir considérable au sein des institutions politiques, de par la Constitution, après avoir dirigé le pays pendant près de cinquante ans, et l'on ignore encore si Aung San Suu Kyi et les généraux pourront coopérer. "C'est très important, pour la dignité du pays, et pour ramener la paix dans l'esprit des gens", écrit l'opposante dans des lettres à la présidence et à l'armée que la LND a communiquées aux médias mercredi. L'une des principales sources de tension entre Suu Kyi et l'armée concerne la clause, inscrite dans la Constitution rédigée par l'ancienne junte, qui lui interdit d'accéder à la présidence parce que ses enfants sont de nationalité étrangère. Rares sont ceux qui doutent de ce que cette clause a été insérée pour empêcher que la lauréate du prix Nobel de la paix 1991 devienne un jour présidente. Selon les résultats communiqués jusqu'à présent, la LND remporte 179 des 216 sièges proclamés sur les 330 sièges à ne pas être accaparés par des militaires à la chambre basse. En vertu de la Constitution, un quart des sièges des deux chambres ne sont pas élus et sont réservés d'office aux forces armées. L'USDP (Parti pour la solidarité et le développement de l'Union, au pouvoir), formation créée par la junte et dirigée par des militaires à la retraite, ne remporte que huit des sièges proclamés pour l'instant à la chambre basse. Aung San Suu Kyi, que l'on surnomme la "dame de Rangoun", a demandé à pouvoir rencontrer l'ancien président de l'USDP Shwe Mann, président de la chambre basse. La LND dit être bien partie pour remporter au total plus de 250 sièges à la chambre basse du parlement, ce qui serait bien au-dessus du seuil de la majorité absolue (221 sièges). (Eric Faye et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)