Au Texas, voyage nocturne de quatre minutes, le temps d'une éclipse

Des spectateurs admirant l'éclipse totale sur le site Stonehenge II, à Ingram au Texas, le 8 avril 2024 (Cécile Clocheret)
Des spectateurs admirant l'éclipse totale sur le site Stonehenge II, à Ingram au Texas, le 8 avril 2024 (Cécile Clocheret)

Et soudain, le jour s'est éteint au Texas. Lors d'une nuit des plus brèves, la foule a eu le temps de s'embrasser, de pleurer, de crier, avant que le soleil ne renaisse quatre minutes et 26 secondes plus tard.

Les nuages n'ont pas réussi à gâcher l'expérience pour les 2.000 personnes venues admirer l'éclipse totale au Stonehenge II Park, dans la ville d'Ingram.

A 13H32 tapantes, un soleil noir a surplombé ce site peuplé de répliques des fameuses structures préhistoriques en pierre visibles en Angleterre. De quoi créer une atmosphère mystique dans cette obscurité inhabituelle.

Cet endroit du sud des Etats-Unis était sur le "chemin de la totalité" de l'éclipse, l'axe dans lequel la Lune obstruait complètement la lumière du soleil.

Lunettes de protection vissées sur le nez, certains spectateurs venus pour l'occasion sont armés de télescope, d'autres de verres de vin.

A chaque fois que les nuages gris s'entrouvrent, ils s'extasient devant le spectacle céleste: une masse ronde aux allures de trou noir, cerclée par un halo de lumière, s'offre à eux depuis l'espace.

"C'était tellement émouvant et spectaculaire. J'ai essayé de prendre des photos avec mon appareil", confie à l'AFP Mary Elizabeth Fernandez, une bibliotechnicienne de 43 ans. "J'ai un peu pleuré parce que c'est tellement beau (...) C'était vraiment merveilleux."

- "Renaissance" -

Un peu plus loin, Jeni Lyn Hunter est venue avec son mari Charles Guillory. Coiffé de chapeaux de magicien et de sorcière, le couple est embarqué dans une quête poétique, bien au-delà de l'astronomie.

"Cela signifie beaucoup pour moi, parce que j'ai un cancer de stade 4, mais je ne vais pas abandonner", souffle l'Américaine de 60 ans. "C'est la renaissance du soleil, de la vie, c'est le cycle menant de la vie à la mort, puis à la vie à nouveau, et je vais vivre pour lui, pour moi, et parce que je ne souhaite pas m'en aller."

"Je nourris l'espoir qu'elle reste avec moi", lâche Charles, 57 ans.

D'autres sont des habitués de ces moments rares de clair-obscur. Comme Gary et Elizabeth Christensen, qui se prennent en photos sous des répliques de moaï, ces immenses statues typiques de l'île de Pâques.

"Depuis un an et demi, c'est le seul cadeau que nous nous offrons à Noël, à la fête des mères, à la fête des pères, aux anniversaires : nous allons voir l'éclipse", explique Elizabeth, qui célèbre le 62e anniversaire de son mari.

Lorsque la lumière revient enfin et referme cette parenthèse enchantée, les spectateurs restent éblouis par la danse de la lune et du soleil. Même ceux qui nourrissaient des attentes un peu farfelues.

"Je pensais que les extraterrestres allaient venir cette fois-ci", explique Robb Guzman, coiffé d'une énorme tête d'alien verte aux yeux noirs allongés. "Mais c'était quand même fantastique."

mav/rfo/pno