Au secours, le pourboire arrive à Paris !

Avec son professionnalisme hautain et son indocilité revêche, le serveur français est, avec le chauffeur de taxi, le personnage qui marque généralement le plus durablement le visiteur. Et voilà à nouveau qu’il donne le ton aux mœurs de son pays tout entier, cette fois sur un sujet inépuisable : le pourboire. Ces dernières années, l’addition au restaurant s’entendait presque toujours tout compris*, le service étant inclus. Dans le meilleur des cas, le client laissait sur la table la monnaie, quelques pièces jaunes. Et ni le restaurant ni le serveur n’en attendait davantage : les serveurs sont censés être correctement payés, et accepter un pourboire confine à l’humiliation.

Mais sous l’effet combiné du tourisme, de la carte bancaire et surtout des Américains, les attitudes changent. Les touristes venus du reste de l’Europe ont l’habitude de laisser un pourboire proportionnel à l’addition. Les Américains n’ont d’autre choix, depuis longtemps, que de laisser au moins 20 %, car le personnel en salle est bien souvent payé une misère et doit user de tous ses talents de menace et de séduction pour gagner de quoi vivre à peu près décemment. Les terminaux de paiement par carte, dont l’apparition conclut désormais presque tous les repas au restaurant, ajoutent aujourd’hui automatiquement le pourboire, ou proposent une option à sélectionner sous le regard inquisiteur, sinon comminatoire, du serveur. Résultat : aujourd’hui, même en France, le pourboire est attendu.

Et du côté des clients, en France, c’est le scandale. Encore des pratiques anglo-saxonnes qui viennent salir la dignité au travail, comme l’anglais qui vient polluer la langue de Racine. Les serveurs, eux, ne s’en plaignent guère – d’autant que, le plus souvent, le pourcentage appliqué pour le service va directement dans les caisses de l’établissement, et non dans les poches du personnel. Or puisque ce sont les Français qui depuis des siècles dictent aussi bien la bonne cuisine que les bonnes manières, ce qui se passe chez Maxim’s sera bientôt la règle à Londres et à Manchester. Nous, en Grande-Bretagne, venions à peine de découvrir que le pourboire était facultatif, et voilà que c’est la double peine : il faut à la fois payer le service et lâcher un pourboire. Et si on arrêtait le resto ?

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