Au Salon de l'agriculture, on redoute déjà les effets de la guerre en Ukraine

GUERRE EN UKRAINE - Il est venu parler “souveraineté alimentaire” et “plan de résilience”: le président Emmanuel Macron a inauguré le samedi 26 février le Salon de l’agriculture lors d’une visite au pas de charge. Quelques jours après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

“Cette guerre durera” et “il faut nous y préparer”, a prévenu avec gravité le président, à la fin d’une prise de parole d’une petite demi-heure. À l’adresse du monde agricole, le président a alerté sur “les conséquences dans nos exportations pour les grandes filières” et prévu à ce titre “un plan de résilience” économique.

“Ce que nous sommes en train de vivre ne sera pas sans conséquences sur le monde agricole et les filières qui sont les vôtres”, a averti le chef de l’État. Il a évoqué des conséquences “sur l’augmentation des coûts de l’énergie, (...) l’alimentation du bétail, son coût, peut-être même la capacité à fournir”.

Bond des cours mondiaux

Et c’est bien ce que craignent les agriculteurs, qui l’ont expliqué au micro du Huffpost, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. Le début du conflit s’est traduit immédiatement par un bond des cours mondiaux du pétrole, du gaz et de certaines matières premières dont le blé.

Les acteurs économiques, professionnels de l’alimentation en tête, craignent désormais que Moscou n’instaure des mesures de rétorsion aux sanctions occidentales. Cela avait déjà été le cas en 2014, lorsque la Russie avait répondu aux mesures sanctionnant son invasion de la Crimée par un embargo alimentaire sur les produits occidentaux.

Le gouvernement travaille à un “plan de résilience” pour “sécuriser pour nos filières nos intrants”, “bâtir des boucliers en termes de coûts” et “apporter des réponses dans la durée”, a annoncé le président-quasi candidat, en insistant sur “l’importance de la souveraineté agricole et alimentaire” de la France.

“Bouclier alimentaire”

“Il faut que nous nous dotions d’un bouclier alimentaire”, a estimé Christiane Lambert, patronne de la FNSEA et du syndicat agricole européen majoritaire Copa, à l’inauguration du Salon de l’Agriculture sur fond de guerre russo-ukrainienne.

“Aujourd’hui, quand il y a conflit, chaque pays se replie sur lui-même et fait de l’arme alimentaire sa stratégie”, a-t-elle poursuivi, inquiète des représailles potentielles du président russe Vladimir Poutine, qui “s’est dotée de l’arme alimentaire et énergétique”.

“Il a le choix des mesures de rétorsion, il peut appuyer sur le volet pétrole, il peut appuyer sur le volet gaz, il peut appuyer sur le volet engrais, il peut appuyer sur le volet blé, il est le maître du jeu aujourd’hui, puisqu’il a construit sa souveraineté et son arme alimentaire dans tous les domaines”, a déploré Christiane Lambert.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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