Au Royaume-Uni, une exposition pour décoloniser l’organisation des architectes

C’est au cœur des beaux quartiers de Londres, niché entre des ambassades, que se dresse le bâtiment construit en 1834 pour abriter le Royal Institute of British Architects, aussi connu sous son acronyme, Riba. Et, sur l’un des murs du siège de l’organisation, qui accueille régulièrement des expositions, se dresse une large fresque, le Jarvis Mural.

“C’est l’une des choses les plus racistes que j’aie vues de ma vie. C’est dire”, commente auprès de The Guardian l’architecte et chercheuse Thandi Loewenson, née au Zimbabwe. L’œuvre, peinte pour l’organisation l’année de sa création, passe souvent inaperçue, indique le quotidien. Au fond de l’auditorium, “c’est un panneau sale, mal éclairé, couvert d’éraflures qui tend à se fondre dans le décor art déco pompeux qui l’entoure.”

Vitrine coloniale

Tandis qu’au centre de l’œuvre le Riba est représenté par une imposante salle à la symétrie parfaite, le tableau laisse voir “des groupes de personnages à moitié nus issus de tous les coins de l’empire britannique et représentés grossièrement comme des sauvages primitifs aux traits exagérés”. Et ce n’est que l’exemple le plus évident des stigmates coloniaux du bâtiment. “Il était censé être la vitrine des richesses des colonies”, et contient de nombreux matériaux importés des quatre coins de l’Empire.

La fresque “Jarvis Mural”, peinte en 1834 et nichée au fond de l’auditorium. .
La fresque “Jarvis Mural”, peinte en 1834 et nichée au fond de l’auditorium. .

Mais le siège de l’organisation ne se débarrassera pas de la peinture. “C’est un document très utile”, affirme d’ailleurs Thandi Loewenson. “Les bâtiments représentés constituent un véritable recueil de vols de terre et d’exploitation.” En revanche, le Riba a laissé la main à la conservatrice Margaret Cubbage pour rassembler divers artistes issus de diasporas et faire naître l’exposition “Raising the Roof”, ouverte depuis le 27 avril et jusqu’au 21 septembre.

Conversations multiples

L’ensemble, “qui vise à donner un coup de projecteur sur le symbolisme colonial qui baigne tout le bâtiment de la Riba – et à proposer une nouvelle façon de l’interpréter et de le démêler”, réunira des œuvres créées pour l’occasion. Une toile, peinte par Thandi Loewenson et l’artiste chinois Zhongshan Zou, et représentant une ancienne extraction minière mise en place par l’empire britannique en Zambie, est ainsi pensée comme une potentielle superposition au Jarvis Mural. Une autre mise en perspective, peinte par l’artiste Arinjoy Sen, d’origine indienne, sera également exposée.

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