Au Royaume-Uni, une chirurgienne sur trois dit avoir subi une agression sexuelle au travail

Un rapport dévoile des cas de violences sexuelles dans les hôpitaux britanniques. Les chirurgiennes victimes racontent être prises pour cible par des supérieurs hiérarchiques, parfois jusque dans les blocs opératoires.

30 % des chirurgiennes interrogées rapportent avoir été agressées sexuellement par un collègue, parfois en plein bloc opératoire.

VIOLENCES SEXUELLES - Un « MeToo de la chirurgie ». C’est comme ça qu’est décrit, outre-Manche, le rapport relayé par la BBC, et publiée dans le British Journal of Surgery, ce mardi 12 septembre. Selon cette étude menée auprès de 1 434 chirurgiennes et chirurgiens du NHS (National Health Service), 30 % des femmes interrogées rapportent avoir été agressées sexuellement par un collègue, parfois en plein bloc opératoire.

Selon la BBC, une culture du silence règne sur les violences sexistes et sexuelles en hôpital au Royaume-Uni. Cette étude, menée par l’université d’Exeter, l’université du Surrey et le Working Party on Sexual Misconduct in Surgery (un groupe de professionnels de la santé qui sensibilisent sur les violences sexuelles), est la première illustration tangible et chiffrée de l’étendue du problème.

Le rapport révèle que 63 % des chirurgiennes interrogées ont été victimes de harcèlement sexuel de la part de collègues. 11 % d’entre elles rapportent des faits de contacts physiques forcés liés à des avancements de carrière. 90 % des femmes et 81 % des hommes affirment avoir été témoins de violences sexuelles. Au moins 11 cas de viol sont recensés.

« Je me sentais sale et humiliée »

L’étude conclut que les chirurgiennes et les chirurgiens « vivent différentes réalités ». En réaction à sa publication, l’ordre professionnel des chirurgiens, le Royal College of Surgeons, a qualifié les révélations de « véritablement choquantes ».

Pour illustrer les chiffres du rapport, la BBC relaye des témoignages de chirurgiennes. Des cas comme celui de Judith, qui, tôt dans sa carrière, a subi une agression sexuelle en bloc opératoire quand un supérieur hiérarchique a essuyé son front plein de sueur sur le décolleté de la jeune chirurgienne. « Je me sentais sale et humiliée », raconte la médecin, qui explique que personne dans la pièce n’a réagi.

Dans un autre témoignage, une chirurgienne surnommée Anne raconte une relation susceptible d’être qualifié de viol qu’elle a subie lors d’une conférence médicale. Des années plus tard, elle raconte comment le souvenir de cette agression lui revenait encore « comme une horreur, comme un cauchemar ».

Une culture du silence

L’un des thèmes récurrents de ces récits est la relation hiérarchique entre les chirurgiennes qui rapportent des agressions et ceux qu’elles accusent. Souvent, les femmes étaient en début de carrière quand elles ont été prises pour cible par des médecins avec bien plus d’ancienneté.

« Le scénario le plus commun est celui d’une jeune interne agressée par un auteur plus vieux, qui est souvent son supérieur direct », explique à la BBC la professeure Carrie Newlands, de l’université du Surrey, qui a participé à l’étude. « Et cela mène à une culture du silence, où les gens ont peur pour leur futur et leur carrière s’ils disent quelque chose. »

L’autre thème ? Une absence de confiance dans les institutions médicales du pays pour prendre en charge le problème et mettre fin à cette culture du silence. À ce sujet, Carrie Newlands appelle à un « changement majeur dans les procédés d’enquête pour qu’ils deviennent externes et indépendants ».

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