Au Royaume-Uni, la barge qui va accueillir des centaines de migrants est arrivée

La barge « Bibby Stockholm » devrait bientôt pouvoir héberger à quai jusqu’à 500 demandeurs d’asile.
La barge « Bibby Stockholm » devrait bientôt pouvoir héberger à quai jusqu’à 500 demandeurs d’asile.

IMMIGRATION - Voici « Bibby Stockholm ». Cette barge, nouvel outil de l’arsenal controversé du Royaume-Uni dans sa lutte contre l’immigration illégale, devrait bientôt pouvoir héberger à quai jusqu’à 500 demandeurs d’asile. Elle est arrivée ce mardi 9 mai dans le port de Falmouth, dans le sud-ouest de l’Angleterre, depuis l’Italie, pour y être inspectée et rééquipée.

Elle devrait être opérationnelle à partir de cet été, lorsqu’elle sera installée dans le port de Portland, au large de la ville de Weymouth (à 250 kilomètres de Falmouth), et pendant 18 mois.

La barge pourra « héberger environ 500 hommes pendant que leur demande d’asile est examinée », selon le ministère de l’Intérieur. Elle offrira des « installations basiques et fonctionnelles », soins et sécurité 24 heures sur 24 à bord, « pour réduire au minimum les perturbations pour la population locale ».

« Pour économiser aux contribuables »

Dans le sillage de sa promesse d’« arrêter les bateaux » utilisés chaque année par des dizaines de milliers de migrants pour effectuer la dangereuse traversée, le Premier ministre conservateur Rishi Sunak avait vanté une solution pour « économiser de l’argent et réduire la pression sur les hôtels », en présentant cette nouveauté au début du mois d’avril.

Vertement critiqué pour ce projet, le gouvernement britannique a souligné que cette solution a été utilisée aux Pays-Bas, mais aussi en Écosse pour accueillir des réfugiés ukrainiens.

« Le recours à de coûteux hôtels pour héberger ceux qui font des voyages inutiles et dangereux doit cesser, avait souligné le secrétaire d’État à l’Immigration Robert Jenrick dans un communiqué. Nous n’élèverons pas les intérêts des migrants dans l’illégalité au-dessus de ceux des Britanniques que nous sommes élus pour servir ».

« Nous devons utiliser des options d’hébergement alternatives, comme le font nos voisins européens, y compris l’utilisation de barges et ferries pour économiser aux contribuables britanniques de l’argent et empêcher que le Royaume-Uni ne devienne un aimant » pour les demandeurs d’asile, avait-il ajouté.

Les associations en colère

L’annonce avait suscité l’opposition de la collectivité locale concernée et d’associations de défense des droits de l’Homme. « Confiner des centaines de personnes à l’isolement sur une barge n’est qu’un peu plus du théâtre que le gouvernement a créé pour masquer sa mauvaise gestion patente du système d’asile », a dénoncé Steve Valdez-Symonds, directeur réfugiés et droits des migrants chez Amnesty International UK.

Le directeur du Refugee Council, Enver Solomon, avait quant à lui étrillé une initiative « totalement inappropriée », loin d’apporter « le respect, la dignité, le soutien » que méritent les demandeurs d’asile.

Selon le gouvernement, héberger des migrants à l’hôtel coûte six millions de livres sterling par jour (6,84 millions d’euros), 2,3 milliards de livres sterling (2,6 milliards d’euros) par an. En décembre, le Premier ministre Rishi Sunak avait annoncé qu’il voulait réduire de moitié la facture de l’hébergement des demandeurs d’asile.

L’an dernier, un nombre record de migrants (plus de 45 000) a atteint les côtes anglaises en traversant la Manche à bord de petites embarcations. Le gouvernement conservateur entend dissuader ces migrants de venir au Royaume-Uni et en a fait l’une de ses priorités alors que les plans successifs des dernières années n’ont pas permis d’endiguer le phénomène. Son projet de les expulser vers le Rwanda reste suspendu à des décisions de justice.

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