Au Portugal, le Premier ministre António Costa démissionne : ce que l’on sait de l’affaire

Le Premier ministre portugais Antonio Costa a été contraint de présenter sa démission ce mardi 7 novembre, éclaboussé par une vaste affaire de corruption qui bouscule le pays.
PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP Le Premier ministre portugais Antonio Costa a été contraint de présenter sa démission ce mardi 7 novembre, éclaboussé par une vaste affaire de corruption qui bouscule le pays.

INTERNATIONAL - Il était l’un des rares socialistes à la tête d’un gouvernement dans l’Union européenne, mais sa carrière politique est désormais terminée. Le Portugais António Costa a été contraint de présenter sa démission ce mardi 7 novembre, après avoir été éclaboussé par une vaste affaire de corruption qui bouscule le pays. Le HuffPost fait le point sur l’affaire.

  • Un projet minier et de production d’énergie

La justice portugaise enquête depuis plusieurs années sur une affaire de corruption concernant des concessions délivrées par le gouvernement pour des « explorations de mines de lithium » dans le nord du pays, mais aussi sur des licences accordées pour la création d’un consortium national pour la production d’hydrogène vert et sur « un projet de construction d’un data center ».

Comme le rapportait Le Monde début 2022, le Portugal a notamment pour ambition, dans un contexte de développement rapide de la voiture électrique dont les batteries sont très gourmandes en lithium, de lancer « la plus grande mine à ciel ouvert d’Europe de l’Ouest », « sur les terres peu habitées de la région de Barroso, classée au Patrimoine agricole mondial, à 150 kilomètres au nord-est de Porto ».

« La société Savannah Resources, implantée à Londres, travaille sur le projet depuis 2017. Elle a obtenu le permis d’exploration et déjà réalisé les prospections qui lui ont permis d’identifier des gisements de spodumène, des minéraux très riches en lithium », rapportait alors le quotidien, soulignant la contestation des associations environnementales et des habitants de la région.

L’Agence portugaise pour la protection de l'environnement (APA) avait accordé de premiers permis d’exploitation en mai et en septembre. Le Portugal détient les premières réserves de lithium en Europe et en est déjà le principal producteur. Mais pour l’instant sa production sert exclusivement à la céramique et à la verrerie.

  • Perquisitions tous azimuts

Cette enquête a connu une accélération ce mardi 7 novembre, avec 42 perquisitions, selon le décompte de la presse portugaise. Plusieurs ministères ont notamment été le théâtre de descentes de police, dont ceux de l’Environnement et des Infrastructures. Le titulaire de ce dernier portefeuille, Joao Galamba, a été mis en examen et a démissionné.

Des perquisitions ont aussi eu lieu au siège même du gouvernement, notamment dans les bureaux du chef de cabinet du Premier ministre, Vítor Escaria, considéré comme « l’homme de l’ombre d’António Costa ». Un avocat et proche conseiller du Premier ministre, présenté comme son « meilleur ami » par le journal Expresso, a également été arrêté.

Et le scandale pourrait ne pas s’arrêter là. Au cours de l’enquête, « le nom et l’autorité du Premier ministre ont également été cités par les suspects », a indiqué le parquet général dans son communiqué. Soupçonné d’être lui-même intervenu « pour débloquer des procédures » dans le cadre de cette affaire, António Costa fera « l’objet d’une enquête » distincte.

Ces responsables sont soupçonnés de malversations, de « corruption active et passive » de responsables publics, ou encore de « trafic d’influence ».

  • Conséquences politiques

Cette vague de perquisitions et de mises en examen ébranle fortement le paysage politique portugais, près de deux ans après la réélection d’António Costa pour un second mandat. Interrogé après l’annonce de sa démission, rapidement acceptée par le président du pays, le désormais ex-chef de gouvernement a été très clair : « Je ne vais pas postuler à nouveau au poste de Premier ministre. C’est une étape de la vie qui est terminée. »

Les élections anticipées semblent donc très probables, et la plupart des chefs de parti se sont déjà dits prêts, dans un contexte où le Parti socialiste a déjà été affaibli par de précédents scandales. Le chef de l’État, Marcelo Rebelo de Sousa, doit s’exprimer jeudi sur cette crise gouvernementale, mais la teneur de son intervention ne fait guère de doute. Comme le rappelle le quotidien Expresso, le président de la République avait prévenu l’actuel gouvernement dès son entrée en fonction qu’il convoquerait des élections en cas de départ du Premier ministre.

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