Au Parlement européen, Jordan Bardella et le RN ont raté le train du droit des femmes

Le président du RN, et candidat aux européennes, Jordan Bardella, photographié lors de son meeting à Henin-Beaumont le 24 mai (Photo by FRANCOIS LO PRESTI / AFP)
FRANCOIS LO PRESTI / AFP Le président du RN, et candidat aux européennes, Jordan Bardella, photographié lors de son meeting à Henin-Beaumont le 24 mai (Photo by FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

POLITIQUE - Alors que la campagne pour les élections européennes entre dans sa dernière semaine, l’activité des eurodéputés sortants est passée au crible par plusieurs ONG. Et à l’image de ce qu’a fait le cabinet Ecolobby sur les intérêts industriels ou le réseau action climat sur l’écologie, l’association Avaaz s’est penchée sur les votes des élus du Rassemblement national durant la dernière mandature sur le sujet des avancées en faveur des droits des femmes.

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Selon ce tour d’horizon, établi depuis 2019 et dont les éléments ont été transmis au HuffPost, c’est peu dire que Jordan Bardella et ses eurodéputés ont été soit hostiles, soit absents du sujet. « Pire que l’immobilisme : quand le RN a l’occasion de voter pour les droits des femmes, il les entrave », déplore l’ONG, qui met en avant plusieurs exemples éloquents. Comme cette résolution visant lutter contre les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes examinée en 2020 : Jordan Bardella s’est abstenu, comme nombre d’eurodéputés RN.

Violences domestiques et IVG

« Alors même que Jordan Bardella fait campagne sur l’accès à une électricité moins chère, l’intégralité de son groupe s’abstient en septembre 2023 sur un texte incitant à prendre en compte la dimension de genre dans la crise énergétique », souligne encore Avaaz auprès du HuffPost.

L’ONG rappelle aussi que les troupes lepénistes ont choisi l’abstention lorsqu’il a été question de se pencher sur le harcèlement sexuel dans l’Union européenne et sur l’évaluation de MeToo. Et quand il s’agissait de lutter contre le harcèlement sexuel au sein du Parlement européen, le RN a voté encore contre. Autre exemple mis en avant, le refus du Rassemblement de ratifier la Convention d’Istanbul, autrement appelée « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ».

Là encore, le RN s’est abstenu, alors même que ce traité consacre des avancées majeures, fixant des normes juridiquement contraignantes pour prévenir et lutter contre les violences envers les femmes (comme l’obligation de la reconnaissance des féminicides).

Contre « l’agenda progressiste »

Mais ce n’est pas tout. En 2020, « la quasi-totalité des eurodéputés RN votent contre une résolution visant à condamner fermement l’interdiction alors quasi totale du droit à disposer de son corps en Pologne », souligne encore Avaaz. L’année suivante, le Parlement européen réitère cette condamnation, toujours sans les voix de Jordan Bardella et des élus RN. À cette époque, alors que les nationaux conservateurs sont au pouvoir à Varsovie, l’eurodéputé RN Thierry Mariani a déploré une résolution qui vise selon lui à « plier la Pologne à l’agenda progressiste et fédéraliste de Bruxelles et nier ainsi sa souveraineté ».

À noter qu’il n’y a pas qu’au Parlement européen que le RN est accusé d’entraver le droit des femmes. Lors du vote sur la constitutionnalisation de l’IVG au Congrès, seuls 46 députés RN sur 88 ont voté pour, et le discours de la vice-présidente RN de l’Assemblée a provoqué les huées de l’hémicycle.

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