Au Niger, l’ambassadeur français reste à Niamey malgré l’ultimatum des putschistes

Un mois après le renversement du président Mohamed Bazoum, la junte militaire avait donné 48 heures à Sylvain Itté pour quitter Niamey. Paris refuse de rapatrier son ambassadeur.

Au Niger, les partisans du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger se rassemblent au stade général Seyni Kountche à Niamey le 26 août 2023.
Au Niger, les partisans du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger se rassemblent au stade général Seyni Kountche à Niamey le 26 août 2023.

INTERNATIONAL - L’ambassadeur français au Niger est toujours sur place ce lundi 28 août. Un mois après le renversement du président Mohamed Bazoum, la junte militaire au pouvoir avait ordonné vendredi à l’ambassadeur français, Sylvain Itté, de quitter expressément le territoire « sous 48 heures », soit ce dimanche 27 août. L’ultimatum a donc expiré, et Paris ne compte pas revenir sur ses positions.

Emmanuel Macron exposera ce lundi aux ambassadeurs français réunis à Paris ses priorités pour la politique étrangère de la France, et reviendra sur la crise qui se joue actuellement au Niger. Les militaires putschistes, qui retiennent prisonnier depuis un mois le président Mohammed Bazoum au palais présidentiel, dénoncent les accords militaires entre Niamey et Paris.

Des agissements « contraires » aux intérêts de Niamey

Sylvain Itté est accusé de ne pas avoir pas répondu à une « invitation » du ministère nigérien des Affaires étrangères mais aussi « d’autres agissements du gouvernement français contraires aux intérêts du Niger ». Il lui a été donné 48 heures pour quitter ce pays.

« Les putschistes n’ont pas autorité » pour demander le départ de l’ambassadeur, a répliqué le ministère des Affaires étrangères vendredi soir. Paris soutient les pays d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans toute action pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Catherine Colonna prononcera de son côté son discours mardi matin avant de tenir une conférence de presse dans l’après-midi avec son homologue ukrainien au Quai d’Orsay.

Des milliers de personnes favorables au coup d’Etat ont manifesté samedi à proximité de la base militaire française à Niamey, brandissant des pancartes demandant notamment le départ des troupes françaises. Mais la France oppose une position de fermeté, arguant qu’elle ne reconnaît pas le gouvernement des généraux.

« Ils vont finir par partir »

Dimanche, des partisans des militaires ayant pris le pouvoir se sont retrouvés dans le stade Seyni Kountché, le plus grand du Niger, des drapeaux nigériens, algériens, russes, parsemant les tribunes.

Ramatou Ibrahim Boubacar, un mannequin, s’est parée de drapeaux nigériens des pieds à la tête. « On a le droit de choisir les partenaires qu’on veut, la France doit respecter ce choix », dit-elle. « Depuis soixante ans, on n’a jamais été indépendants, on l’est seulement depuis le jour du coup d’Etat » du 26 juillet qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, estime-t-elle, avant de lancer : « alors nous sommes à 100 % derrière le CNSP ».

Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui est désormais au pouvoir, avec à sa tête le général Abdourahamane Tiani, a depuis pris la France, l’ex-puissance coloniale, pour cible privilégiée.

« Le combat ne s’arrêtera que le jour où il n’y aura plus aucun militaire français au Niger », a déclaré à la foule un membre du CNSP, le colonel Ibro Amadou. « C’est vous qui allez les chasser », a-t-il dit, ajoutant cependant : « Pour les chasser ne partez pas à leur ambassade (...) après que chacun rentre chez lui, ils vont finir par partir ».

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