Au moins quatre morts dans des manifestations en RDC

par Aaron Ross KINSHASA (Reuters) - Au moins quatre personnes ont été tuées lundi dans des heurts entre les forces de l'ordre et des manifestants à Kinshasa, où les partis de l'opposition s'efforcent d'empêcher une modification de la loi électorale susceptible d'entraîner le report d'élections prévues l'an prochain. Les manifestants ont incendié des pneus dans plusieurs rues de la capitale de la République démocratique du Congo, où des policiers anti-émeute et des gardes présidentiels étaient déployés. Des témoins ont fait état de coups de feu tirés par des policiers dans certains quartiers comme celui de Matonge, non loin du siège du parlement. Des affrontements ont aussi éclaté à Goma, la principale ville de l'Est, où un journaliste de Reuters qui couvrait une manifestation d'un millier de personnes a vu deux personnes au sol, blessées par balles. Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, a démenti que les forces de sécurité aient tiré sur des protestataires à Kinshasa. Il a déclaré que deux policiers avaient été tués par des inconnus, et que des vigiles avaient tué deux civils dans un entrepôt. Sept policiers et trois civils ont été hospitalisés, a-t-il ajouté. Selon Martin Fayulu cependant, qui est président du parti d'opposition ECiDé (Engagement pour la citoyenneté et le développement), au moins 13 civils ont été tués à Kinshasa. L'opposition, qui dénonce un "coup d'Etat constitutionnel", redoute que la réforme de la loi électorale soit une manoeuvre du président Joseph Kabila pour repousser de plusieurs années la tenue des prochaines élections, prévues pour 2016. La réforme a été approuvée ce week-end par la chambre basse du parlement et doit être examinée mardi par le Sénat. Elle prévoit qu'un recensement complet de la population soit mené à bien avant la tenue des prochaines élections. "Nous exigeons le départ de Kabila!", a déclaré un manifestant. "Nous pensons que les gens en arrivent à ce constat petit à petit et nous allons faire un nouveau Burkina", a-t-il dit, faisant allusion aux événements du Burkina Faso, où le président Blaise Compaoré a été contraint de quitter le pouvoir à la fin octobre sous la pression de la rue, alors que, précisément, il cherchait à modifier la Constitution pour se maintenir à la tête du pays, qu'il dirigeait depuis 1987. (avec Kenny Katombe; Henri-Pierre André, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)