Au moins 17 morts dans des manifestations au Cameroun anglophone

À Douala. Au moins huit personnes ont été abattues par des soldats dimanche lors de manifestations indépendantistes dans la partie anglophone du Cameroun, ont annoncé les autorités locales et des témoins. /Photo prise le 1er octobre 2017/REUTERS/Joel Kouam

BAMENDA, Cameroun (Reuters) - Les affrontements entre forces de l'ordre et indépendantistes qui ont éclaté dimanche dans les deux provinces anglophones du Cameroun ont fait au moins 17 morts, selon un nouveau bilan établi par Amnesty International. Les heurts se sont produits lors de manifestations organisées à l'occasion du 56e anniversaire de la proclamation de la République fédérale du Cameroun, après la réunification des zones françaises et britanniques créées à la fin de la Première Guerre mondiale, lors du démantèlement de l'ancienne colonie allemande. "L'escalade inquiétante observée ce week-end a donné lieu à une crise ouverte", a déploré Ilaria Allegrozzi, chercheuse pour Amnesty International dans la région du lac Tchad, qui a avancé le bilan de 17 morts. Une fillette de treize ans figure parmi les tués, a précisé le maire d'une commune de la région. Selon le leader indépendantiste Sisiku Ayuk Tabe, chef de file du Governing Council of Ambazonia, le bilan définitif pourrait dépasser 30 morts. Aucun représentant de l'administration nationale n'a pu être contacté. Un couvre feu diurne est entré en vigueur lundi à Bamenda, l'une des principales agglomérations anglophones, où les forces de l'ordre ont dressé des barricades en travers d'avenues pratiquement désertes. Un journaliste de Reuters a vu des policiers cagoulés passer à tabac un jeune homme qui cherchait à leur échapper. Le président Biya a condamné dimanche "de façon énergique tous les actes de violence, d'où qu'ils viennent, quels qu'en soient les auteurs". "Que l'on se comprenne bien, il n'est pas interdit d'exprimer des préoccupations dans la République. En revanche, rien de grand ne peut se construire dans la surenchère verbale, la violence de rue et le défi à l'autorité", ajoute-t-il sur Facebook. A Paris, le ministère des Affaires étrangères s'est dit préoccupé par ces violences et a appelé "l’ensemble des acteurs à la retenue et au rejet de la violence". Les autorités avaient interdit les rassemblements de plus de quatre personnes dans les deux provinces anglophones frontalière du Nigeria et ordonné la fermeture des gares routières, des commerces et des restaurants pour empêcher les mouvements de population. La frontière avec le Nigeria a en outre été fermée pour le week-end. (Edward McAllister et Anne-Mireille Nzouankeu, avec Emma Farge et John Irish; Julie Carriat et Jean-Philippe Lefief pour le service français)