Au Liberia, dans l’enfer d’un centre de désintoxication géré par les militaires

“Quand [Augustine J. Nagbe, également appelé ‘général Power’] déboule dans l’arrière-cour du Pennoh Building, l’un des hauts lieux de la consommation de drogue de Monrovia, il est accueilli avec des chants et de la musique, tandis que les fumeurs disparaissent soudainement. Depuis quelques semaines, il vient régulièrement ici afin de recruter des toxicomanes qui voudraient suivre son programme de sevrage”, écrit New Lines Magazine en ouverture d’un reportage publié en mars. Dans un Liberia confronté à une intense épidémie de drogues, et face à l’inertie des gouvernants, les militaires expérimentent leurs propres méthodes de traitement.

COURRIER INTERNATIONAL
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La journaliste du site américain s’est rendue dans le centre de désintoxication mis sur pied il y a deux ans par Augustine J. Nagbe. Contrairement à la poignée d’autres établissements existants dans le pays, ici les quelque 250 “détenus” sont gardés derrière des barreaux, frappés avec des bâtons et mis à l’isolement.

“Deux anciens drogués rasent la tête de deux femmes […]. L’une d’elles crie alors que la tondeuse s’attaque à ses boucles. Un détenu plus âgé les prévient qu’elles doivent s’attendre à recevoir des coups et plaisante en leur disant qu’elles finiront par s’habituer.”

Au cours de quatre visites dans l’établissement, à partir de septembre 2023, la journaliste a assisté à des passages à tabac perpétrés par le personnel et les autres “détenus” et à divers mauvais traitements, et rapporte des problèmes sanitaires.

Inspiré par la “méthode Duterte”

New Lines Magazine décrit l’absence de contrôle des autorités et la quasi-autonomie dont jouissent les militaires – confinant presque à l’omerta. Une liberté due à la proximité de Nagbe avec l’ancien président George Weah, croit savoir l’autrice. L’homme a gagné son surnom de “général Power” pour sa participation aux deux guerres civiles du Liberia (entre 1989 et 2003).

Interrogé par le titre, il affirme répondre aux demandes de la population en installant ce centre. Il qualifie volontiers sa méthode de “militaire”, “inspirée par Rodrigo Duterte, l’ancien président des Philippines, qui avait adopté des méthodes musclées pour faire la guerre aux trafiquants mais aussi aux consommateurs de drogue”. Le bâtiment a été fourni par Nathaniel McGill, ancien ministre sous le gouvernement Weah, sur qui pèse des soupçons de corruption.

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