Au Kenya, le roi Charles III condamne les abus de la colonisation britannique, mais sans demander pardon

Pour sa première visite d’État en tant que roi dans un pays du Commonwealth, Charles III était attendu au tournant sur le sujet des abus coloniaux.

Une reconnaissance claire, mais pas (encore) de pardon. Durant sa visite d’État de quatre jours au Kenya, le roi Charles III a affirmé à Nairobi qu’il ne pouvait « pas y avoir d’excuse » aux atrocités de la colonisation britannique commises contre les Kényans, alors que les appels se sont multipliés pour que le souverain demande pardon au nom de la couronne britannique.

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« Des actes de violence odieux et injustifiables ont été commis à l’encontre de Kényans alors qu’ils menaient (...) une lutte douloureuse pour l’indépendance et la souveraineté », a reconnu Charles III lors d’un dîner d’État mardi 31 octobre avec le président kényan William Ruto.

« Rien de tout cela ne peut changer le passé, mais en abordant notre histoire avec honnêteté et ouverture, nous pouvons peut-être démontrer la force de notre amitié aujourd’hui et, ce faisant, nous pouvons, je l’espère, continuer à construire un lien toujours plus étroit pour les années à venir », a-t-il poursuivi sur une note plus positive.

Même si Charles III s’était auparavant rendu sur les lieux de la proclamation de l’indépendance du Kenya dans une geste hautement symbolique, le roi n’a jamais demandé officiellement pardon pour les atrocités commises durant toute la période où le Kenya était une colonie britannique (1895-1963).

Pourtant, l’annonce de sa venue en tant que souverain avait provoqué de vives réactions de la part d’organisations kényanes d’anciens combattants et de défense des droits humains. Dimanche, l’ONG Commission kényane des droits humains (KHRC) avait d’ailleurs appelé le roi à « présenter des excuses publiques inconditionnelles et sans équivoque » pour les atrocités commises « pendant toute la période coloniale ».

« Un premier pas »

Mardi, le président kényan a confirmé que la réaction de la puissance coloniale aux mouvements d’autodétermination au Kenya avait été « d’une cruauté monstrueuse », conduisant jusqu’aux « pires excès de l’impunité coloniale ».

Il faut dire que par le passé, Londres s’était contenté d’exprimer des « regrets sincères » pour les violences coloniales commises au Kenya. Une longue procédure avait également permis de dédommager plus de 5 000 Kényans victimes d’abus pendant l’insurrection Mau Mau qui avait fait plus de 10 000 morts entre 1952 et 1960. Mais mardi, le chef d’État africain a souhaité saluer ce qu’il considère déjà comme « un premier pas vers des progrès allant au-delà des demi-mesures timides et équivoques de ces dernières années ».

William Ruto s’est même permis de saluer « le courage et la volonté » de Charles en acceptant « de faire la lumière sur des vérités inconfortables ». En revanche, le président kényan a suggéré au roi de faire un geste fort en participant la restitution de biens spoliés, dont un crâne d’un chef traditionnel.

Lors de ce voyage où le sombre passé colonial de l’Empire britannique a été exposé au grand jour, Charles III a poursuivi sa visite ce mercredi 1er novembre en se rendant justement dans un cimetière militaire de Nairobi pour rendre un hommage aux Africains morts pour la Grande-Bretagne lors des deux guerres mondiales. L’occasion de rencontrer des vétérans kényans et de visiter un nouveau musée dédié à l’histoire du Kenya.

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