Au Kentucky, ces employés menacés d'être licenciés s'ils quittaient leur usine face à la tornade

Plusieurs salariés de la fabrique de bougies MCP à Mayfield ont témoigné auprès de NBC News. Le PDG de l'usine s'est défendu.

ÉTATS-UNIS - Après le passage de tornades dévastatrices le 10 décembre, qui ont fait au moins 88 morts dans le centre des États-Unis, une usine de bougies est aujourd’hui sous le feu des projecteurs.

La fabrique de bougies Mayfield Consumer Products (MCP), dans la petite ville dévastée de Mayfield dans le Kentucky, était l’objet de toutes les inquiétudes: ce bâtiment pourtant moderne, où étaient censés se trouver 110 employés vendredi soir, avait été transformé par les éléments en un enchevêtrement de poutrelles et de tôles tordues, laissant redouter un très lourd bilan.

Mais l’entreprise, après de frénétiques recherches dans les décombres, a pu confirmer que 94 de ses salariés étaient “vivants et ont été retrouvés”, a annoncé ce lundi le gouverneur du Kentucky, Andy Beshear. “Nous avons craint que cela soit bien pire”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, alors que huit personnes sont décédées lors de la destruction de l’usine et huit restent disparues.

Cette photo satellite datant du 28 janvier 2017 montre l'usine et les bâtiments voisins. (Photo: Associated Press)
Cette photo satellite datant du 28 janvier 2017 montre l'usine et les bâtiments voisins. (Photo: Associated Press)
Cette photo satellite datant du 11 décembre 2021 montre l'usine et les bâtiments voisins après le passage de la tornade. (Photo: Associated Press)
Cette photo satellite datant du 11 décembre 2021 montre l'usine et les bâtiments voisins après le passage de la tornade. (Photo: Associated Press)

Aujourd’hui, les dirigeants de l’usine doivent malgré tout affronter de virulentes critiques de la part de certains salariés. Selon eux, des superviseurs avaient menacé de licencier les employés s’ils quittaient leur poste plus tôt pour essayer d’éviter le passage des tornades.

Elijah Johnson a ainsi confié auprès de NBC News que lorsqu’il a demandé à partir plus tôt, l’un de ses superviseurs lui a assuré qu’il serait licencié. “Même avec un temps comme celui-ci, vous allez toujours me virer?”, lui a demandé ce jeune homme de 20 ans. “Oui”, s’est-il vu répondre par son manager.

Le porte-parole de Mayfield Consumer Products, Bob Furguson, a réagi auprès de NBC News, qualifiant les allégations d’“absolument fausses”. “Les employés peuvent partir à tout moment et ils peuvent revenir le lendemain”, a-t-il assuré.

Mais selon cinq employés interrogés par NBC News, on leur a bien dit qu’ils ne pouvaient pas partir ou qu’on ne leur avait pas dit verbalement qu’ils avaient le choix.

S’abriter dans les toilettes plutôt que prendre sa voiture

En outre, le PDG de l’entreprise, Troy Propes, a déclaré que les employés devaient s’abriter dans les toilettes de l’usine, qui avaient des murs en béton sans fenêtres et un toit en acier, car la direction ne voulait pas les envoyer dans la tempête, selon le site d’informations Kentucky.com.

″Tout le monde était au courant du mauvais temps. Mais comme on nous l’apprend tous, même lorsque nous sommes enfants, la première chose que vous faites est de ne pas monter dans votre voiture”, a déclaré Troy Propes.

Cependant, après que les chefs d’équipe aient pensé à tort que la tornade n’était plus un danger, ils ont renvoyé tout le monde au travail.

Lorsque la tornade a frappé, l’opérateur de chariot élévateur Mark Saxton a raconté à NBC News que les tuiles et le béton de l’usine ont commencé à tomber.

“Tout le monde a commencé à courir, je suis tombé par terre. Je me suis mis en position fœtale et la dalle de béton est tombée sur moi”, se remémore-t-il, lui qui s’est finalement retrouvé sur le toit effondré du bâtiment après le passage de la tornade.

Il a survécu avec des coupures et des contusions mineures. Mais il reste toujours hanté par la façon dont il a été traité par ses supérieurs. ”Ça fait mal, parce que j’ai l’impression que nous avons été négligés”, conclut-il.

Une autre polémique est née dans une usine après le passage des tornades. Après qu’au moins six personnes ont été tuées dans un entrepôt Amazon dont le toit s’est effondré à Edwardsville, dans l’Illinois, il est apparu que les employés n’avaient pas droit à leur téléphone portable sur leur poste de travail, si bien que certains n’ont jamais su qu’une alerte d’urgence leur demandant de s’abriter au plus vite y avait été envoyée, relate cet article du Monde.

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

VIDÉO - Dans le Kentucky, la ville de Mayfield ravagée par les tornades

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