Au Japon, la peine capitale de nouveau requise contre le “plus ancien condamné à mort” du pays

Dans l’affaire Hakamada, du nom de l’ancien boxeur Iwao Hakamada, les procureurs ont de nouveau requis la peine capitale, le 22 mai, dans le cadre de la révision de son procès, rapporte la chaîne publique japonaise NHK.

Accusé d’avoir assassiné quatre personnes en 1966 dans la préfecture de Shizuoka, dans le centre de l’archipel, cet homme de 88 ans avait été pour la première fois condamné à mort deux ans plus tard. Néanmoins, lui et ses soutiens, parmi lesquels figure sa sœur aînée, Hideko, 91 ans, avaient obtenu le réexamen de son dossier en 2014, et la haute cour de Tokyo avait indiqué en mars 2023 donner son accord pour la tenue d’un nouveau procès. En tout, l’ancien boxeur a passé quarante-huit ans en prison, ce qui a valu le surnom de “plus ancien condamné à mort”.

Au vu de la cruauté et de l’ampleur des actes, et des sentiments des familles des victimes, nous avons conclu qu’il n’y avait pas d’autre choix que de requérir la peine capitale. […] Grâce aux preuves, nous avons établi avec certitude qu’il est l’auteur de ces meurtres”, a souligné un cadre du parquet japonais pour justifier sa décision, cité par la chaîne.

Emblème de la lutte contre la peine de mort

Ce dossier se distingue d’abord par sa durée, puisque c’est seulement en 2014 que le tribunal du district de Shizuoka avait permis à Iwao Hakamada de rentrer chez lui en liberté conditionnelle. Cette affaire est emblématique de la lutte contre la peine de mort au Japon, et remarquable aussi car, dans le système juridique du pays, il est très difficile d’obtenir le réexamen d’un dossier, en raison de conditions extrêmement difficiles à remplir.

Pour la défense, qui clame l’innocence de Hakamada, la décision des procureurs est plus que scandaleuse, d’autant plus qu’elle accuse les enquêteurs d’avoir falsifié certaines preuves.

“Plus beaucoup de temps à vivre”

De fait, dans leur réquisitoire, les procureurs s’appuient sur cinq vêtements que Hakamada portait lors du passage à l’acte et qu’il aurait cachés dans un fût de miso (pâte de soja fermentée) de l’usine où il travaillait à l’époque. Mais il y a un hic : alors qu’ils avaient été dénichés un an et deux mois après les faits, les traces de sang sur ces vêtements étaient encore rouges. Les avocats de l’accusé soutiennent que si ces derniers étaient restés dans du miso pendant plus d’un an, elles seraient devenues forcément noires : “La couleur de ces vêtements est la preuve de la falsification menée par les enquêteurs”, dénoncent-ils, cités par le quotidien.

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