Au Japon, la mort de Shinzo Abe choque car les armes à feu y sont quasi-inexistantes

L'ancien Premier ministre a été tué par balles en plein meeting électoral pour les sénatoriales. L'attaque semble avoir été commise à l'aide d'une arme artisanale.

JAPON - Si la violence par armes à feu constitue une préoccupation brûlante aux États-Unis avec la succession de tueries de masse, la situation est diamétralement opposée au Japon, où les pouvoirs publics ont, depuis un demi-siècle, drastiquement restreint les conditions de détention des revolvers et autres fusils, au point de les rendre quasi inexistants.

“Je ne m’attendais pas à ce que cela se produise au Japon, qui n’est pas une société d’armes à feu. Je suis vraiment choqué”, réagissait un utilisateur de Twitter ce vendredi 8 juillet, après l’attaque de Shinzo Abe, qui a depuis succombé aux tirs dont il a été lors d’un meeting électoral à Nara. Une réaction partagée par de nombreux autres habitants de l’archipel.

“Je n’arrive pas à croire que ce genre d’incident se produise au Japon... Des armes à feu...”

“Je ne peux vraiment pas y croire. Avec le contrôle des armes à feu au Japon, n’est-ce pas? Je prie sincèrement pour M. Abe.”“Je sais qu’aux États-Unis il y a souvent des fusillades, mais je n’aurais jamais pensé qu’une telle chose était possible ici”, a déclaré un témoin direct de l’attaque auprès du journal nippon Asahi Shimbun, dans un article repéré par Courrier international.

Les armes de poing interdites
Car comme le rapportait Libération il y a quelques mois, “tout semble fait pour vous dissuader” d’acquérir une arme à feu au pays du Soleil-levant, avec pas moins de “treize étapes”, parmi lesquelles un examen écrit, un test de tir, une évaluation psychologique et un dépistage de drogues. Les armes de poing sont en outre totalement interdites, la loi autorisant uniquement la détention de fusils de chasse et les carabines à air comprimé. Ainsi, selon les dernières données disponibles compilées par gunpolicy.org, site de recherches piloté par l’Université de Sydney, seules 77 armes de poing étaient détenues par des civils au Japon. De manière plus globale, l’archipel est de loin le pays du G7 qui compte le moins d’armes à feu civiles en circulation, qu’elles soient légalement détenues ou non. Selon les dernières estimations disponibles, le Japon comptait 0,25 arme à feu pour 100 habitants en 2019. À titre de comparaison, ce taux est de 20 armes pour 100 habitants en France (en 2020) et 120 aux États-Unis (en 2017).“La loi actuelle sur le contrôle des armes à feu a été introduite en 1958, mais la logique de cette politique remonte à des siècles”, rappelait la BBC en 2017. “Depuis que les armes à feu sont entrées dans le pays, le Japon a toujours eu des lois strictes”, soulignant alors Iain Overton, directeur exécutif de l’association britannique Action on Armed Violence.

Arme artisanale
Résultat, les “tueries qui frappent le Japon déclinent ainsi une panoplie baroque”, souligne Libération. “En 2016, à Sagamihara dans la préfecture de Kanagawa, un jeune homme tue 19 personnes handicapées à l’aide de couteaux et d’un marteau. En 2008, sept personnes trouvent la mort dans le quartier d’Akihabara à Tokyo, lorsqu’un camion percute les piétons puis que son conducteur poignarde des personnes dans la foule avec une dague”, rappelle le quotidien.L’attaque qui a visé Shinzo Abe semble s’inscrire dans cette lignée. Les vidéos et les photos prises lors de l’interpellation du suspect, un Japonais de 41 ans ayant par le passé appartenu à la Force maritime d’autodéfense japonaise, selon les médias nippons, laissent à penser que les tirs provenaient d’une arme artisanale, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. À ce stade, la police nippone n’a pas le point sur l’enquête. Elle a néanmoins perquisitionné le domicile du suspect, selon des images de la télévision publique NHK.

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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