Au Japon, les geishas seront bientôt protégées des touristes un peu trop envahissants
TOURISME - Une profession souvent incomprise et impactée par le surtourisme. La prochaine interdiction de l’accès aux ruelles privées du célèbre quartier des geishas à Kyoto, où se trouvent les « femmes d’art » qui divertissent les clients avec des danses traditionnelles, de la musique et des jeux a été plutôt bien accueillie. Cette interdiction sera mise en place dès avril, a annoncé la semaine dernière le conseil local de Gion.
Dissuader les comportements impolis et déplacés. Depuis le retour en masse des touristes au Japon après les années Covid-19, Kyoto fait face à une recrudescence de visiteurs malotrus, qui importunent les geishas pour des photos alimentant quasi instantanément les réseaux sociaux. Des témoignages évoquent même les cas d’une apprentie geisha dont le kimono a été déchiré, ou d’une autre qui a retrouvé des mégots de cigarettes dans son col de kimono.
Mais ces régions ne supportent plus les comportements des touristes, comme celle du Gion. Le conseil local a d’ailleurs déploré que certains visiteurs se comportent comme des « paparazzi » et se croient dans un « parc d’attractions ».
S’il existe depuis 2019, une interdiction de prendre des photos dans les voies privées de Gion, sous peine d’une amende, le conseil local a pris une décision plus radicale. Les touristes ne seront plus les bienvenus dans ces ruelles privées du quartier à partir d’avril ; et ce choix a été, avec surprise, plutôt bien accueilli de la part des touristes.
Respecter cette profession
Si passer sa journée à Kyoto vêtu d’un kimono est une attraction touristique sympathique, Doug Burckhard, membre d’un groupe Facebook « Japan Travel Tips & Planning » demande que les comportements restent corrects. « Cela fait plus de 50 ans que je vais au Japon, et au fur et à mesure que davantage de gens découvrent ses charmes, ceux-ci deviennent de moins en moins accessibles », regrette-t-il. « Alors s’il vous plaît, comportez-vous bien ! »
Avec cette décision du conseil local, le quartier devrait être plus tranquille, ce que respectent les touristes. En visite à Kyoto, Anna et Mark Van Diggenen, des Néerlandais, approuvent la décision du conseil local de Gion. « Il faut respecter ces femmes » et leur intimité, déclare Anna à l’AFP.
Toutefois, selon Mark Van Diggenen, les panneaux d’interdiction ne dissuaderont pas les visiteurs les plus malpolis. « Vous pouvez établir des règles, mais c’est impossible de les faire respecter ». Effectivement, cette annonce n’a pas fait l’unanimité. Certains visiteurs regrettent cette prochaine interdiction d’arpenter les ruelles de Gion, pleines de charme traditionnel avec leurs bâtiments en bois de style ancien.
C’est le cas de Jane Stafford, une Australienne voyageant avec des amies, raconte ainsi à l’AFP s’être vu demander de ne pas prendre de photos d’une geisha par les membres de sa famille. « Pour moi, c’est une zone patrimoniale unique dont les gens veulent profiter, et nous aimerions en photographier l’architecture, déclare-t-elle. C’est dommage que les gens ne puissent pas en profiter en petits groupes ».
Kyoto n’est pas le seul lieu au Japon à prendre plus de mesures face au surtourisme. À partir de cet été, un quota quotidien de personnes s’appliquera pour emprunter le sentier le plus populaire pour gravir le mythique Mont Fuji, près de Tokyo, et un droit d’accès d’un peu plus de 12 euros a été fixé. Le maire d’Osaka envisage même d’imposer une taxe aux touristes étrangers, en plus de la taxe hôtelière existante.
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