Au Festival d’animation d’Annecy, l’IA se fait siffler
Comme chaque année, Annecy vit pour quelques jours au rythme de son célèbre Festival international du film d’animation. “Mais cette année, tous les regards se tournent vers la poignée d’œuvres qui ont été programmées par le festival en dépit du fait qu’elles contiennent des images générées par une intelligence artificielle – ou peut-être ont-elles justement été choisies pour cela”, relate le quotidien espagnol El País.
Depuis l’annonce de son programme, le festival fait l’objet de vives réactions quant à cette décision, et, “sur les réseaux sociaux, la polémique s’est enflammée et les internautes s’en sont pris au festival ou aux auteurs des œuvres parlant de ‘honte’ ou de ‘travail volé’”, précise le journal.
Un clip hué
Près de 17 000 visiteurs de 104 pays différents sont attendus durant cette 48e édition de l’événement incontournable du cinéma d’animation, qui a démarré le 9 juin et se termine le 15. Au total, huit œuvres usant de nouvelles technologies d’IA générative y ont été sélectionnées.
Dès le premier jour, les tensions étaient vives, rapporte Variety, la revue de référence à Hollywood. Ainsi, le clip de la musique Étoile filante, du duo Chien Méchant, réalisée à l’aide d’une IA générative, “a eu l’honneur inédit d’être sifflé par les spectateurs”, souligne la revue.
Pour certains, “ce logiciel de génération d’images a été formé en puisant illégalement dans des contenus protégés par le droit d’auteur, et donc programmer des œuvres qui utilisent ces images – que ce soit au moment de la création ou de la production – revient à faire l’apologie du vol”.
De grandes inquiétudes
Le site américain spécialisé Indie Wire rapportait les raisons avancées par la direction du festival pour inclure de telles œuvres. Son directeur artistique, Marcel Jean, indiquait avoir reçu des dizaines de candidatures de ce type, et que le festival n’a pas pour règles de disqualifier des films pour la seule utilisation de l’IA.
Tout en soulignant que la majorité de ces œuvres ne possède pas de grandes qualités, il a ajouté que certains réalisateurs font toutefois preuve d’une véritable créativité avec ce nouvel outil. Il s’est justifié en rappelant que l’aspect novateur du stop motion utilisé sur des photos dans le film Tango, de Zbigniew Rybczynski, récompensé en 1984, avait suscité un scandale à l’époque, alors qu’il est aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre de l’animation.
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