Au Festival de Cannes, Demi Moore éventre l’âgisme dans « The Substance » à grands jets d’hémoglobine

Demi Moore est Elisabeth Sparkle dans « The Substance » présenté en compétition à Cannes.
Working Title Demi Moore est Elisabeth Sparkle dans « The Substance » présenté en compétition à Cannes.

FESTIVAL DE CANNES - Chaque année ou presque, le Festival de Cannes sélectionne en compétition officielle un film dit de « body horror ». Pour la 77e édition, c’est The Substance de Coralie Fargeat qui a eu cet honneur. C’était l’un des films les plus attendus de cette année et nous l’avons vu le dimanche 19 mai à Cannes.

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Cette fable tragique sur l’âgisme et le culte de la beauté met en scène Demi Moore face à Margaret Qualley. Âmes sensibles s’abstenir.

Ce n’est pas un secret, à Hollywood (et ailleurs), la lutte contre les signes du passage du temps est bien réelle. Elle se fait pour les plus nantis à coups de bistouri et d’injections. Coralie Fargeat, a imaginé une autre voie. Dans The Substance, Demi Moore est Elisabeth Sparkle, ancienne star de cinéma reconvertie dans le fitness. Lorsque son patron (incarné par le terrible Dennis Quaid) lui dit « à 50 ans c’est fini » avant de la virer, elle sombre.

Margaret Qualley, le double de Demi Moore

S’offre alors à elle une solution pour retrouver une forme de jeunesse : The Substance. Grâce à un procédé franchement écœurant, elle donne naissance à un double. L’emballage promet même « une meilleure version d’elle-même » : Sue, jouée par Margaret Qualley. Le principe est simple, l’une vit pendant sept jours sa vie normale avant d’échanger avec l’autre. La seule règle est de respecter ce planning précis, sans quoi, les circonstances sont dramatiques. Et surtout, répugnantes.

Margaret Qualley est Sue dans « The Substance »
Christine Tamalet Margaret Qualley est Sue dans « The Substance »

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Coralie Fargeat maîtrise son sujet. Dès la première minute du film, le ton est donné, on ne va pas pouvoir échapper à l’horreur, à moins de fermer les yeux et de se boucher les oreilles.

Chaque son est amplifié, les très gros plans permanents. Autant vous prévenir : si vous frissonnez en voyant une aiguille chez le médecin ou lorsque votre voisin saigne du nez, vous n’êtes pas taillé pour The Substance. Et ça monte crescendo pendant le film pour finir en explosion de sang, de chairs putréfiées et d’organes. Bref la promesse du body horror est plus que respectée.

100 % body horror mais pas sans raison

Mais la débauche d’hémoglobine n’est pas vaine et vient servir un propos assumé. The Substance vise à remettre en question le culte de la jeunesse, cette course contre le temps qu’il est -in fine- impossible de gagner. Pour cela, Demi Moore accepte de se mettre à nu, littéralement, pendant une bonne partie du film. Force est de constater que la comédienne de 61 ans qui se fait plus rare à Hollywood depuis quelques années, en a encore sous la pédale, et a surtout, beaucoup de recul.

The Substance est aussi un film sur la vanité et le culte de la beauté à tout prix, et pour l’incarner, Margaret Qualley, étoile montante du cinéma (qui est aussi dans Kinds of Kindness présenté en compétition à Cannes), est parfaite même si elle offre au public de trop nombreux gros plans de ses fesses nues ou moulées dans un body en lycra.

Oui, The Substance est parfois too much, poussant volontairement les spectateurs à rire devant l’absurde et le ridicule du gore poussé à l’extrême. Quoi qu’il en soit, avec des influences de La Mouche de Cronenberg, ou encore de Carrie de Brian de Palma, The Substance a gagné son pari très risqué. Mais cela ne nous a pas empêchés de détourner les yeux plus d’une fois.

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