Au deuxième jour de son procès, le prince Harry accuse le Mirror d'un piratage "à échelle industrielle"

Au deuxième jour de son procès, le prince Harry accuse le Mirror d'un piratage "à échelle industrielle"

Après une première journée de témoignage, le duc de Sussex a poursuivi son interrogatoire mercredi, face à l'avocat de l'éditeur du Daily Mirror, tabloïd britannique qu'il accuse de collecte d'informations illégales.

Le prince Harry est reparti à la charge contre une presse à scandale, qu'il accuse d'avoir pratiqué dans le passé du piratage téléphonique à "une échelle industrielle", lors du procès à Londres ce mercredi contre un tabloïd.

Lors de cette deuxième journée de témoignage, le témoignage du prince de 38 ans s'est achevé en début d'après-midi. Il s'agissait de la première apparition d'un membre de la famille royale à la barre depuis celle du futur Edouard VII en 1891 pour un procès en diffamation.

"Une certaine injustice"

Le fils cadet de Charles III, en froid avec la famille royale, a engagé plusieurs batailles judiciaires contre la presse à scandale. Dans le procès en cours, qui s'est ouvert le mois dernier et doit encore durer plusieurs semaines, Harry accuse l'éditeur du quotidien le Daily Mirror d'avoir eu recours à des procédés illicites pour recueillir des informations, y compris en piratant des messageries téléphoniques, entre 1996 et 2010.

"Le piratage téléphonique était pratiqué à une échelle industrielle par au moins trois journaux à l'époque, et cela ne fait aucun doute", a lâché le duc de Sussex mercredi matin, au deuxième jour de son témoignage.

Si le tribunal ne reconnaissait pas cela, Harry en "ressentirait une certaine injustice", a-t-il ajouté. Le prince a aussi expliqué que "la haine" envers lui et sa femme Meghan, avec laquelle il s'est exilé en Californie en 2020, était une de ses motivations pour ce procès.

"Spéculation"

Mercredi matin, Andrew Green, l'avocat de MGN - qui, outre le Daily Mirror, publie Sunday Mirror et Sunday People - a continué d'interroger en détail le prince sur les articles litigieux, comme la veille, demandant des preuves des pratiques illégales.

Le premier évoqué, publié en 2005, révélait qu'Harry, alors officier stagiaire de l'armée de terre, avait été "dispensé des marches quotidiennes" de huit kilomètres en raison d'une blessure au genou.

Pour Andrew Green, les accusations d'Harry concernant un piratage de sa messagerie téléphonique relèvent de la "spéculation". "Pas du tout", a réagi le prince. Comme le rapporte le Guardian, Andrew Green a terminé son interrogatoire en affirmant que Harry n'avait pas une seule preuve de piratage de sa messagerie.

"Je me souviens d'appels qui duraient une seconde et je me souviens que beaucoup de gens me demandaient si j'avais bien eu leur message vocal. (...) Quand on m'a dit que c'était du piratage, cela a fait sens", a raconté Harry.

Le prince a également accusé MGN de "destruction de preuves à grande échelle".

Souvenirs douloureux

33 articles parus dans le Daily Mirror sont au cœur de ce procès. Une large partie de la journée a été consacrée à des articles publiés lors de sa relation avec sa précédente compagne, Chelsy Davy. Une relation qui a largement été relayée par la presse à scandale, ce dont a souffert le duc de Sussex à l'époque.

L'un des articles affirmait que le prince passait "15 minutes par jour" à écrire des mails à sa petite amie depuis une salle informatique à Sandhurst, l'Académie militaire où il se trouvait.

"Je ne vois pas comment quelqu'un aurait pu le savoir", a déclaré le prince, quand l'avocat lui a demandé s'il estimait que ces informations provenaient d'une collecte illégale d'informations.

Il a fait état de plusieurs articles donnant des détails troublants sur leurs conversations téléphoniques qui, selon lui, ont été obtenus de manière illégale.

C'est ensuite David Sherborne, l'avocat du prince Harry, qui lui a posé des questions. Lorsqu'il lui a demandé ce qu'il avait ressenti durant cette journée et demi à revisiter ces années passées encerclé par la presse à scandale, le prince Harry, qui a quelquefois semblé fatigué au cours de la journée, a paru ému.

"Ça fait beaucoup", a-t-il déclaré, d'une voix qui selon plusieurs journaux britanniques s'est légèrement brisée.

Harry a quitté la barre des témoins en milieu d'après-midi, mais pas la Haute Cour de justice. Il est resté dans la salle pour assister à l'interrogatoire de Jane Kerr, ancienne journaliste du Daily Mirror.

Changement de ton

Pendant plusieurs heures, l'avocat du prince Harry est passé à l'offensive. Il a interrogé la journaliste sur les détectives privés auxquels elle a fait appel durant ses années au sein de la rédaction - elle aurait contacté une agence de détectives privés pas moins de 900 fois, rapporte le Guardian.

Jane Kerr a tenté d'échapper à son obligation de fournir des éléments la semaine dernière avant d'être obligée à honorer sa convocation d'aujourd'hui. Elle a admis qu'elle n'avait pas envie de venir.

Elle a souvent évoqué des souvenirs flous quant à ces contacts, en assurant ne jamais avoir consciemment utilisé des informations obtenues illégalement.

"Vous signez une déposition dans laquelle vous dites n'avoir jamais fait appel à un détective privé qui a obtenu des informations illégalement", lui a lancé David Sherborne. "Mais comment pouvez-vous signer la déposition si vous n'êtes pas sûre de quels détectives vous avez contactés?"

Défi de taille

Si le Mirror Group Newspapers (MGN) s'est déjà excusé pour ses pratiques de l'époque, le prince Harry doit dans ce procès convaincre le juge qu'il y a eu obtention illégale d'informations précisément dans les 33 articles portés à la procédure.

Le duc de Sussex a parfois paru hésitant lors de son interrogatoire par l'avocat du groupe de presse, Andrew Green. Il a en revanche décrit plus généralement l'intrusion de la presse à scandale dans sa vie, dès son plus jeune âge, et sa souffrance et même sa "paranoïa" face aux articles publiés à son sujet.

Il a également dénoncé les pratiques "ignobles" de certains journaux, comme il l'a déjà fait dans un documentaire sur Netflix en décembre et dans ses mémoires Le Suppléant, publiés en janvier.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - La Minute du prince Harry