"Au-delà de ce que j'imaginais": Marie Ndiaye dénonce la "violence" de l'extrême droite contre son frère Pap Ndiaye

"Ils ont avancé à visage découvert." L'autrice française Marie NDiaye, en tournée cette semaine à New York pour la traduction de son roman La vengeance m'appartient, a dénoncé "la violence délirante" de l'extrême droite française contre son frère Pap Ndiaye quand il était ministre de l'Education nationale.

"Quand mon frère a été nommé ministre (en mai 2022) les réactions de la droite extrême ont été au-delà de ce que j'imaginais. Je pensais qu'ils avanceraient un peu plus masqués", a-t-elle raconté à l'AFP, en marge d'une rencontre littéraire à la Villa Albertine de Manhattan, les services culturels de l'ambassade de France aux Etats-Unis.

"Mais non, ils ont avancé à visage découvert avec une violence délirante, incroyable", a dénoncé l'autrice de 56 ans, qui, avec son frère aîné, sont nés d'un père sénégalais et d'une mère française.

Lors de cet entretien, l'artiste s'en est particulièrement pris à "l'affreux Philippe de Villiers."

"Au moment de la nomination de Gabriel Attal, sans doute pour faire connaître l'orientation sexuelle du nouveau ministre (de l'Education nationale), a écrit: 'après le ministre woke, voilà le ministre LGBT'. Ces gens sont obsédés!", s'est-elle exclamée.

"Source d'étonnement"

Pap Ndiaye a piloté l'Education nationale de mai 2022 à juillet dernier et fut la cible favorite de la droite et de l'extrême droite, avec un procès en "wokisme" instruit à son encontre.

"Malgré tout, même si on sait qui sont ces gens, c'était quand même une source d'étonnement", a soufflé Marie NDiaye, dont le roman La vengeance m'appartient (Gallimard - 2021) sort cette semaine aux Etats-Unis sous le titre Vengeance Is Mine chez Penguin Random House.

L'autrice primée en France et à l'étranger a une belle renommée aux Etats-Unis où ses livres, comme son prix Goncourt en 2009 "Trois femmes puissantes", sont traduits.

Le New York Times et le Washington Post évoquent par ailleurs mercredi une oeuvre littéraire empreinte de mystère. "Marie NDiaye n'avait pas l'intention de répondre aux questions qu'elle soulève" et qu'elle laissait "les lecteurs deviner", titrent les deux grands quotidiens américains.

"Ce que j'aime par-dessus tout dans le roman, c'est son impureté fondamentale. Il est plein de choses qui ne vont pas, d'erreurs et d'impuretés. Il est tout sauf la perfection", a-t-elle répondu.

Article original publié sur BFMTV.com