"On est au début du chemin" : les Ukrainiens face aux traumatismes psychologiques de la guerre

Rouslan, militaire ukrainien prisonnier par les Russes lors de la prise de l'usine Azovstal à Marioupol  - BFMTV
Rouslan, militaire ukrainien prisonnier par les Russes lors de la prise de l'usine Azovstal à Marioupol - BFMTV

La population ukrainienne a subi de plein fouet la violence des conflits et certains ont besoin d'un suivi psychologique pour surmonter les traumatismes de la guerre.

"J'ai été prisonnier des Russes pendant un mois et demi", raconte à BFMTV Rouslan, militaire et présent à l'usine Azovstal à Marioupol lors de l'assaut russe. Pendant les combats, il a été touché à la jambe par une roquette et a dû être amputé. Libéré en juin dernier, il a commencé depuis à voir une psychologue pour surmonter les traumatismes dus à la guerre en Ukraine.

Manquer de nourriture, d'eau, d'hygiène, de soins, être témoin et victime de scènes violentes et parfois bombardé toute la journée pendant des semaines... Les Ukrainiens ont gravement souffert et souffrent encore du conflit en cours. Catherina, psychologue ukrainienne, estime auprès de BFMTV qu'aujourd'hui tous les Ukrainiens ont besoin d'une aide psychologique.

"Beaucoup souffrent de stress et de traumatismes psychologiques"

"Je dors très mal, je suis épuisée", explique ainsi à Médecins sans frontières (MSF) Valentyna, 70 ans, vivant à Vasylenkova dans la région de Kharkiv. Son fils a été tué par l’explosion d’une mine. "Je me réveille terrorisée et je le vois devant moi. Cette guerre a pris ma santé et mon fils", raconte-t-elle.

À Kharkiv, "beaucoup souffrent de stress et de traumatismes psychologiques en raison de la guerre", écrit également MSF, expliquant envoyer des médecins sur place pour venir en aide.

En France, la fondation FondaMental a par exemple lancé le programme "Écoute Psy Ukraine" pour les réfugiés en France ayant besoin d'aide. "Ces derniers n’ont souvent pas les ressources nécessaires pour prendre en charge les troubles mentaux déclenchés par les expériences traumatiques d’enfants et d’adultes réfugiés", écrit la fondation.

Ce alors qu'il est "primordial de proposer des outils aux personnes déplacées pour atténuer les effets des traumatismes et prévenir l'apparition de symptômes neuropsychologiques liés à des conditions de stress prolongé."

"Pour beaucoup, s'adresser à un psychologue c'est être faible"

Au-delà de l'accès à des médecins et à des soins, il faut aussi que les citoyens ukrainiens traumatisés fassent la démarche du soin.

"Quand j'ai rencontré Rouslan pour la première fois, il a tout de suite dit qu'il n'avait pas besoin d'aide psychologique parce qu'il gère très bien tout seul, pour lui tout allait bien", raconte ainsi Catherina, "mais rien que parler cela fait bien du bien aux militaires, ils essayent et ils reviennent".

"Je pense qu'on est au début du chemin, pour beaucoup de gens en Ukraine", abonde le militaire.

Il explique que "pour beaucoup de gens en Ukraine, s'adresser à un psychologue c'est être faible, c'est notre mentalité. Cela évolue petit à petit, mais je connais beaucoup de gens qui disent 'tout va bien, tout va bien', mais en réalité ils ont plein de problèmes".

Interrogé sur son état mental, plusieurs mois après sa libération, lui-même répond: "tout va bien, ça va oui".

Article original publié sur BFMTV.com

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