Au congrès du MoDem, François Bayrou fait la leçon au gouvernement sur la dette, l’éducation et les retraites

Dette, éducation, retraites : les trois leçons de François Bayrou au gouvernement.
SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP Dette, éducation, retraites : les trois leçons de François Bayrou au gouvernement.

POLITIQUE - La partition du premier allié. François Bayrou a profité de son discours de clôture au congrès du MoDem, ce dimanche 24 mars à Blois, dans le Loir-et-Cher, pour envoyer plusieurs messages au gouvernement sur des sujets qui lui sont chers.

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Le président du parti centriste, tout juste réélu – il était le seul candidat –, a longuement disserté sur le poids de sa formation, les réformes des institutions ou la guerre en Ukraine, avant d’évoquer plus précisément trois sujets sur lesquels il tenait à faire entendre un propos quelque peu dissonant de celui de Gabriel Attal et ses ministres.

Une tentative de peser sur les débats qui parcourent le camp présidentiel. Et une nouvelle occasion, surtout, de se distancier de l’exécutif, quelques semaines après l’épisode tonitruant de sa vraie fausse entrée au gouvernement.

1. Ne pas casser la croissance pour réduire la dette

Concernant l’un des sujets qui préoccupent le plus le gouvernement actuellement, la dette, François Bayrou s’est employé à faire passer un message avant les autres : « Il est vital que nous ne cassions pas la croissance aujourd’hui » face aux États-Unis et leur « projet de développement fondé sur un soutien puissant à l’investissement ».

« Je pense que les difficultés des finances publiques sont réelles, que le différentiel entre la croissance prévue et la croissance réalisée existe, mais il n’est que de 0,1 % (...) Le moment n’est pas de casser la croissance. Le moment n’est pas de se trouver dans des situations de déséquilibres nouveaux (avec les États-Unis), et je le dis comme quelqu’un qui a si souvent combattu les indifférences à l’égard de la situation de la dette », a ainsi plaidé le président du MoDem, pas tout à fait dans le ton d’un exécutif alarmiste sur la question.

« On a besoin de reconstruire, cela se fait par la croissance. La croissance doit être le premier but des finances publiques et donc priorité à l’investissement », a encore ajouté François Bayrou, là aussi en léger décalage avec le gouvernement qui fait de la maîtrise des dépenses publiques son principal levier pour redresser les comptes.

2. Faire confiance au terrain sur l’éducation

Le maire de Pau, qui a refusé d’entrer au gouvernement en février pour remplacer Amélie Oudéa-Castéra, n’a pas manqué l’occasion non plus de rappeler ses divergences concernant l’Éducation nationale. L’un de ses chevaux de bataille.

Alors que le gouvernement maintient son projet de « groupes de niveaux » malgré la réticence du monde enseignant, François Bayrou – un des potentiels candidats à la succession d’Emmanuel Macron dans le camp présidentiel – estime que « c’est par la confiance au terrain que la réforme de l’éducation se fera de la manière la plus efficace ».

« Je ne crois pas que ça se décide à Paris, je ne crois pas que ce soient des injonctions nationales qui doivent conduire aux changements pédagogiques. Je crois absolument le contraire », a-t-il lancé ce dimanche, sans évoquer frontalement le projet cher au Premier ministre, mais en reconnaissant des débats « chaleureux », pour ne pas dire mouvementés sur la question. « Bâtissez le progrès à partir des performances de terrain », a-t-il encore ajouté, dans une réplique qui résonne avec ses critiques en février contre un gouvernement séparé des territoires.

3. Les regrets sur les retraites

Enfin, François Bayrou n’a pas pu s’empêcher d’enfiler sa casquette de Haut-commissaire au plan pour revenir sur… la réforme des retraites, un des dossiers éruptifs qui ont empoisonné le début du second quinquennat d’Emmanuel Macron. « Ce n’est pas un secret, je n’ai pas aimé la séquence des retraites », a-t-il rappelé, en affirmant, en substance, que si le président de la République et le gouvernement de l’époque avaient écouté les arguments du Plan, les choses se seraient passées différemment.

« Nous avions réussi à établir, au Plan, des chiffres indiscutables sur l’équilibre financier de notre système de retraites », a-t-il ainsi expliqué ce dimanche, devant les élus et militants de son parti, avant d’ajouter : « je ne sais pas pourquoi ces chiffres n’ont pas été utilisés ». Selon lui, un référendum sur la question était même gagnable, si chaque foyer avait reçu ces informations : « on est passé à côté d’une chance formidable ».

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