Au cinéma, l’absence de blockbuster en août va-t-elle aggraver la donne pour les salles ?

Top Gun 2
Paramount Pictures Top Gun 2

Paramount Pictures

« Top Gun : Maverick », porté par Tom Cruise (ici sur la photo), est le plus gros succès de 2022 en France.

CINÉMA - « L’absence de blockbuster en août ? Oui on doit s’en inquiéter mais ce n’est pas le seul mois dont on se préoccupe », nous confie sans détour Adrien Fourneau, directeur d’exploitation du Ciné Lumière de Vierzon et du tout récent Ciné Sologne de Romorantin. Ce n’est un secret pour personne, depuis janvier, les cinémas français peinent à retrouver leur fréquentation prépandémie.

Selon les chiffres du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), ceux-ci, malgré la fin progressive des restrictions liées au Covid, ont attiré jusqu’en juin 72,95 millions de personnes, soit 30,6 % de moins que sur la même période de 2019.

D’après un sondage Yougov réalisé par Le HuffPost au début du mois de juillet, 43 % des Français interrogés ont dit ne pas être retournés dans les salles obscures depuis mai 2021, mois qui marquait la réouverture des lieux culturels. Plus encore, deux tiers des sondés préfèrent aujourd’hui visionner des films à la télévision ou en streaming plutôt qu’au cinéma.

Le tableau n’est pas totalement noir pour autant. En témoignent les chiffres de la 37e Fête du Cinéma – manifestation annuelle lors de laquelle toutes les séances sont à 4 euros partout en France — qui ont montré que le public n’avait pas totalement délaissé le grand écran. L’événement s’est tenu du 3 au 6 juillet et a attiré 3,2 millions de personnes d’après la FNCF (Fédération nationale des cinémas français), soit une hausse de 4 % par rapport à la période d’avant-pandémie, c’est-à-dire 2017, 2018 et 2019.

Les cinémas ont aussi pu s’appuyer sur certaines certitudes. Comprenez par là la sortie de films très grand public, autrement dit les blockbusters. Les grosses productions, pour la plupart américaines, ont en effet plus que jamais le vent en poupe auprès des spectateurs.

The Batman, Top Gun... les blockbusters surnagent en 2022

Ceux-ci se sont ainsi massivement déplacés pour Uncharted en février (2,5 millions d’entrées), The Batman en mars (3 millions) ou encore Les Animaux Fantastiques 3 en avril (2, 8 millions). Sans compter Doctor Strange 2 et le carton Top Gun : Maverick en mai (respectivement 3,2 millions et 5,5 millions d’entrées), mais aussi Jurassic World 3 et Thor 4 en juin et juillet, qui ont à ce jour réuni 3,3 millions et 1,7 million de personnes.

Mais voilà, des blockbusters, bouées de sauvetage des salles françaises depuis début 2022, le mois d’août qui débute ce lundi en sera dépourvu. Les principaux longs-métrages à l’affiche (Bullet Train porté par Brad Pitt, Nope de Jordan Peele, ou encore One Piece) ont certes leur mot à dire, mais n’ont pas la popularité d’un Top Gun ou d’un Marvel. Bien que la fin de l’été soit toujours plus calme en termes de programmation que le reste de l’année, cette absence de films très porteurs, dans ce contexte de baisse de fréquentation, a de quoi alarmer.

«  Cela serait réducteur de ne parler que d’août, on est préoccupé chaque mois depuis notre réouverture », explique Adrien Fourneau, conscient tout de même que l’offre est plus faible à cette période-là. « Bullet Train devrait fonctionner un petit peu, mais ce n’est pas Nope qui va relancer l’exploitation, poursuit-il. À partir du mercredi 10 août il n’y a plus grand-chose, et ce jusqu’au 24 et la sortie de Rumba la vie avec Franck Dubosc.  »

Joint par Le HuffPost, Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la FNCF, voit de son côté le verre à moitié plein. « On peut avoir des surprises au niveau de la programmation, livre-t-il. Les films qui seront à l’affiche sont intéressants et différents de ce qu’on peut généralement avoir en été. Ce ne sont pas des blockbusters certes mais ils peuvent avoir du succès. »

« 2500 personnes par semaine serait pas mal »

Il poursuit : « Nous allons aussi parier sur la continuité des films sortis en juillet. Ils vont continuer leur carrière puisque l’on remarque que les spectateurs viennent plus longtemps. On est moins sur des sorties one shot. » Celui-ci prend pour exemple Buzz l’Éclair. Le film d’animation centré sur le célèbre ranger de l’espace, toujours en salles depuis sa sortie le 22 juin, a enregistré en tout 1,4 million d’entrées, dont 85.000 la semaine dernière malgré la concurrence des Minions.

Pour ce qui est de la longévité de grosses productions récentes, Adrien Fourneau cite, lui, Jurassic World : Le Monde d’après et Top Gun comme bons élèves. « Les autres sont pour beaucoup des feux de paille chez nous. »

L’exploitant s’attend donc à un mois d’août dans la lignée des précédents au Ciné Lumière, qui a perdu plus de 35 % de son public depuis janvier. En 2019, ce cinéma avait attiré en moyenne 3500 spectateurs par semaine durant l’été. « On espère cette année réunir environ 2500 personnes chaque semaine, ce qui serait pas mal. Mais je pense malheureusement qu’on sera en dessous. »

Et à l’échelle nationale ? « Il est très dur de se projeter, livre Marc-Olivier Sebbag. Tout ce que j’ai à dire, c’est qu’en période pré-Covid, août enregistrait en moyenne 15 millions d’entrées. Mais ne pas les atteindre dans un mois ne serait pas forcément synonyme d’échec », conclut-il.

À voir également sur Le HuffPost : Pendant que Cannes fête le cinéma, la fréquentation des salles ne remonte pas

Vous ne pouvez visionner ce contenu car vous avez refusé les cookies associés aux contenus issus de tiers. Si vous souhaitez visionner ce contenu, vous pouvez modifier vos choix.

Lire aussi