Au carnaval de Rio, le “samba enredo”, miroir de la société brésilienne

Pour une satire politique ou pour l’hymne d’un club de foot : au Brésil, il y a des sambas pour toutes les occasions. Dans une multitude de sous-genres musicaux, la période du carnaval met à l’honneur le samba enredo (que l’on pourrait traduire par “samba à thème” ou “samba narratif”). Chacune sur un thème différent, les écoles de samba de Rio s’affrontent lors du grand concours annuel – le défilé sur le sambodrome de l’avenue Marquês de Sapucaí a eu lieu ces 20 et 21 février et le gagnant doit être annoncé le samedi 25.

O Estado de São Paulo profite de cette période de festivités pour se plonger dans la réédition d’un livre écrit par l’historien Luiz Antonio Simas et le romancier et essayiste Alberto Mussa, Samba de enredo – História e Arte (non traduit en français). Sortie initialement en 2009, cette “recherche fouillée” démontre que ce genre si particulier imprègne et reflète “non seulement la trajectoire du carnaval, mais aussi les questions politiques et sociales du pays”.

En outre, poursuit le quotidien, on aurait tort de voir les œuvres de samba enredo comme de simples chansons : la musique ne prend sens que dans le spectacle total du défilé, avec ses larges chars et ses dizaines de danseurs qui le mettent en scène. Mussa précise que “la sauce prend – ou non – seulement sur l’avenue [Sapucaí]. Il faut qu’il y ait un sens pour la communauté”.

“[Le samba enredo] est fait pour que 3 000 personnes le chantent, à l’unisson, en portant 20 kilos de vêtements pendant qu’ils cheminent.”

Une repolitisation récente

Miroir de la société brésilienne depuis plus d’un siècle, le samba enredo connaît une crise dans les années 1990 qui dure une vingtaine d’années, avancent les deux auteurs. Les difficultés financières de certaines écoles – qui sont des porte-étendards de quartiers, généralement populaires – les poussent vers des systèmes de partenariats publicitaires.

On voit débarquer sur l’avenue des histoires de gaz, de yaourt, de courses de chevaux et de villes qui n’ont aucun lien avec le carnaval”, relate O Estado de São Paulo. “Ce n’était pas terrible, comme époque. Cette attitude pousse à la déconnexion avec la communauté”, estime Simias dans les colonnes du journal. Néanmoins, l’édition augmentée du livre permet d’analyser les tendances depuis 2010, qui voient reculer ce type de partenariats, poursuit l’historien.

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