Au cœur de l'été, Marine Le Pen donne un petit coup de balai au sein du RN

La présidente du Rassemblement National Marine Le Pen, le 28 juin 2020 à Nanterre - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT  © 2019 AFP
La présidente du Rassemblement National Marine Le Pen, le 28 juin 2020 à Nanterre - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Quelques bris de vaisselle tintent dans les cuisines du Rassemblement national. Selon les informations du Figaro, la présidente du parti, Marine Le Pen, a procédé à l'exclusion d'un quart des membres de sa commission nationale d'investiture. À savoir, l'organe chargé de sélectionner les candidats estampillés RN pour les prochaines échéances électorales - les départementales et régionales de mars prochain.

Les six personnes concernées auraient appris la nouvelle par mail. Parmi elles figurent deux personnalités frontistes de premier plan: les députés européens Gilbert Collard et Nicolas Bay. Pour l'ancien député du Gard, qui fréquentait déjà peu le cénacle de la CNI, l'annonce n'est pas une grande surprise. À tel point que l'avocat a annoncé qu'il se retirait du bureau national, organe de direction du parti.

"Je prends mes distances et retourne à mes premières amours. Je reste mariniste comme au premier jour", a-t-il déclaré au Figaro. En d'autres termes, le bouillonnant eurodéputé reste au RN.

"L'événement, c'est Bay"

Membre du bureau exécutif - sorte de "gouvernement resserré" issu du bureau national -, Nicolas Bay est l'un des principaux tenants de la ligne identitaire du RN. Sa mise à l'écart revêt un symbole particulier, la tendance souverainiste du mouvement étant désireuse d'imposer des thématiques plus économiques et sociales. Par ailleurs, toujours selon Le Figaro, un petit nettoyage est également en cours au niveau des fédérations et des élus locaux.

"L'événement c'est Nicolas Bay. Collard il très médiatique, mais franchement pour l'avoir côtoyé, il y venait très peu à la CNI, pour ne pas dire davantage", observe un élu RN auprès de BFMTV.com.

Dans le sillage de ce qu'avait mis en œuvre Florian Philippot lorsqu'il secondait Marine Le Pen, "l'aile gauche" du parti a pour objectif de continuer à forer dans des terres ouvriéristes, anciennement communistes pour certaines, marquées par la désindustrialisation.

Cela n'empêche pas Marine Le Pen, par ailleurs, de continuer à couver sa droite. Dans une tribune publiée par le FigaroVox, la députée du Pas-de-Calais défend l'assimilation républicaine et la "reconquête nationale" face au "progressisme mondialiste". Des termes chers à l'électorat traditionnel du RN, soucieux avant tout des questions d'immigration, d'autorité et d'insécurité culturelle face à l'islam.

Contre-performance aux régionales?

D'ici à l'automne, la CNI du RN aura pour mission de dégotter quelque 8000 candidats pour les élections départementales. Il y aura également à bâtir 17 listes pour les régionales, qui se tiendront simultanément. Un enjeu de taille pour le parti de Marine Le Pen, qui avait affronté Xavier Bertrand en duel dans les Hauts-de-France, tandis que sa nièce Marion Maréchal a recueilli plus de 45% des suffrages au second tour face à Christian Estrosi en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

En 2021, ni l'une ni l'autre de ces figures charismatiques ne représentera le RN dans ces deux bastions frontistes. La CNI, sous l'égide de Marine Le Pen, devra donc concocter des listes à même de ne pas réaliser de contre-performance par rapport à 2015. Un tel scénario risquerait d'endommager la dynamique du parti en vue de la présidentielle de 2022.

Article original publié sur BFMTV.com