Au Burkina, le putschiste Ibrahim Traoré s’arroge un mandat de cinq ans

“Cinq ans ferme pour le capitaine Traoré”, affiche la une de L’Observateur Paalga. En photo du quotidien, une salle remplie d’hommes et de femmes représentant “les forces vives” du pays, qui ont participé aux assises nationales, le 25 mai à Ouagadougou, consacrées à la transition. Cette période consécutive au coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré, le 22 septembre 2022, était censée s’achever en juillet, avec passage de témoin à un dirigeant civil et élu.

Mais le capitaine Traoré rempile pour cinq ans. Le voici même paré du prestigieux titre de “président du Faso” et autorisé à se présenter à des élections. Autre nouveauté figurant dans la charte de la transition amendée, lit-on en manchette du quotidien burkinabè : “Suppression des quotas des partis politiques à l’ALT [Assemblée législative de transition]” et [mise en place du] “Korag, le terme mystère”, en référence au nouvel organe de contrôle sorti du chapeau ce samedi, et qui fait réagir sur les réseaux sociaux.

Pression des partisans du régime

Ces assises de la transition, poursuit L’Observateur Paalga, ont été pliées “en à peine quatre, cinq heures chrono [au lieu des deux jours de débat initialement prévus] et sous les hurlements des partisans du régime qui manifestaient dehors”.

“De toutes les façons, à supposer même qu’il y en eût qui n’étaient pas convaincus du bien-fondé du projet, qui était assez fou pour ramer à contre-courant des desiderata du ‘grand manitou’ ?”

Le rallongement du bail d’Ibrahim Traoré n’était donc qu’un “faux suspense”, selon ce média, ses bruyants partisans martelant depuis des semaines : “Un mandat de cinq, dix, vingt ans, voire jusqu’à ce que mort s’ensuive pour les plus enflammés d’entre eux.”

Pourtant, à l’heure du bilan de ses vingt mois au pouvoir, rien de bien convaincant, expose courageusement L’Observateur Paalga. La crise sécuritaire ? Si le putschiste Traoré assurait qu’il lui fallait “juste quelques mois pour ramener la sécurité car l’enlisement était dû, de son avis d’expert, ‘à de petits détails, des problèmes logistiques mineurs’”, la reconquête du territoire “ne se [fait] pas à grandes enjambées”, en dépit du matériel militaire acquis, de l’engagement “extraordinaire” des soldats et de la participation citoyenne à l’effort de guerre.

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