Au Burkina Faso, la liberté de la presse se dégrade “trop dangereusement”

“Veut-on sceller définitivement le sort du journalisme au Burkina Faso ?” À la une du bimensuel d’enquêtes et de grands reportages burkinabè Le Reporter, le visage souriant du journaliste d’investigation Atiana Serge Oulon illustre cette question.

Directeur de publication du journal d’investigation L’Événement, il a été enlevé le 24 juin. Le titre rappelle les circonstances de ce rapt orchestré par des agents de l’État : “Une dizaine de personnes en tenue civile sont venues dans deux véhicules à sa porte, à 5 heures du matin, pour commencer à taper avec insistance […]. Depuis, plus de nouvelles.”

Mais Le Reporter pointe surtout une liberté d’expression et de la presse qui se dégrade “trop dangereusement” et “une période sombre pour les journalistes et les médias”.

“Le mois de juin, particulièrement, aura été un point noir dans l’histoire politique et de la presse burkinabè.”

Outre le cas d’Atiana Serge Oulon, “un grave précédent” au regard du poids de L’Événement dans le paysage médiatique burkinabè, il cite les disparitions de deux chroniqueurs au ton libre de la télévision privée BF1, le “vieux” Kalifara Seré et Adama Bayala, survenues respectivement les 18 et 28 juin.

Et enfin cet “acte III” : un meeting organisé devant BF1 le 24 juin par les partisans du régime d’Ibrahim Traoré. “Leur message est clair, ils ne veulent plus de certains invités sur les plateaux de BF1, lorsque ces derniers sont critiques de la gestion du pays […]. Ils disent clairement être contre la ligne éditoriale du média et lui en imposent donc une nouvelle ligne.”

Une demande “inédite” selon le journal, et qui “ne semble pourtant choquer personne”. Pas plus que les enlèvements de journalistes, voire de citoyens, non commentés par les autorités. Fut un temps, rappelle ce média, où ces rapts étaient uniquement l’œuvre des groupes djihadistes, comme pour mettre l’accent sur l’intensification de la répression du régime. Les médias burkinabè en paient le prix fort.

Le Reporter conclut en citant Albert Camus : “Une presse libre peut être bonne ou mauvaise, mais, sans liberté, la presse ne sera jamais autre que mauvaise.”

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