Au Burkina Faso, l’expulsion de trois diplomates français laisse le Quai d’Orsay perplexe

Depuis le retrait des troupes françaises présentent au Sahel et une série de coups d’États, les relations entre Paris et Ouagadougou sont au point mort.
LUDOVIC MARIN / AFP Depuis le retrait des troupes françaises présentent au Sahel et une série de coups d’États, les relations entre Paris et Ouagadougou sont au point mort.

INTERNATIONAL - « La décision des autorités burkinabées ne repose sur aucun fondement légitime ». C’est la réponse sans détour apportée ce jeudi 18 avril par la diplomatie française après la décision de Ouagadougou de déclarer « persona non grata » trois diplomates français.

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Les tensions sont de plus en plus visibles entre la France et le Burkina Faso, comme en atteste cette nouvelle décision qui concerne trois diplomates, dont deux conseillers politiques à l’ambassade de France à Ouagadougou.

La décision, prise par le ministère burkinabé des Affaires étrangères dans une note adressée à l’ambassade de France mardi et consultée ce jeudi par l’AFP précise que les trois diplomates sont priés de quitter le pays sous 48 heures, après avoir été reconnus coupables d’« activités subversives ».

Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères est venu répondre ce jeudi à ces accusations, avec une certaine incompréhension. Car après avoir estimé que cette décision ne reposait sur « aucun fondement légitime », il a ajouté que la France ne pouvait que « la déplorer ». Le représentant de Stéphane Séjourné a également jugé « infondées » les accusations portées à l’encontre des Français détenus depuis maintenant plusieurs mois dans ce pays.

Début décembre, quatre fonctionnaires français avaient été arrêtés à Ouagadougou, puis mis en examen deux semaines plus tard et incarcérés. Ils étaient principalement accusés d’être membres des agents du renseignement, selon le Burkina Faso, de simples techniciens de maintenance informatique selon une source diplomatique française. Ils se trouvent aujourd’hui en résidence surveillée, selon des sources sécuritaires du Burkina.

Divorce diplomatique

Mais ce n’est pas le seul cas inquiétant pour la diplomatie entre les deux pays. Dès décembre 2022, deux Français qui travaillaient pour une société burkinabée, avaient été expulsés après avoir été soupçonnés par les autorités d’être des espions.

Des accusations qui ne sont pas sans lien avec l’arrivée au pouvoir forcée du capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022, conduisant à la dégradation fulgurante des relations franco-brukinabées. Car depuis cette date, les troupes françaises se sont retirées du pays alors qu’un accord militaire datant de 1961 les liait.

À cela s’ajoute l’absence d’ambassadeur à Ouagadougou depuis le coup d’État et la suspension de nombreux médias français, dont Le Monde, Radio France internationale, France 24, Jeune Afrique, et LCI.

Ultime signe de ce divorce diplomatique, le rapprochement du Burkina Faso avait plusieurs pays, dont le Mali et le Niger, qui ont également coupé leurs relations avec Paris depuis des coups d’État, respectivement en 2020 et 2023. Sans oublier le rapprochement militaire et stratégique avec Moscou, en pleine guerre en Ukraine.

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