Au Burkina Faso, ces femmes ruinées par le terrorisme

Aminata Karogo a une trentaine d’années, cinq enfants, et des “sacs remplis de maïs” qu’elle dispose chaque matin au marché de Kaya, à une centaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou. Il n’y a pas si longtemps, elle se fournissait dans la capitale et écoulait ses produits à Tougouri, à 25 kilomètres au sud-est de Kaya.

Mais cette commune si proche est désormais hors de portée. Depuis 2018, les groupes insurgés djihadistes ont intensifié le contrôle des axes routiers et les violences. Et à l’instar d’Aminata Karogo, les commerçantes du secteur informel en paient le prix fort, relate la Cenozo (Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest).

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Elles ont d’abord rallié les convois de commerçants escortés par des Volontaires pour les défenses de la patrie (VDP, supplétifs civils de l’armée) et des forces de défense et de sécurité. Sauf que ces immenses cortèges sont devenus la cible des combattants djihadistes.

En juillet 2019, Aminata Karogo en a fait l’amère expérience, lors d’une attaque de convoi à Pissila. Elle a eu la vie sauve, en tant que femme, mais des hommes ont été tués sous ses yeux, et ses marchandises ont été incendiées. “On met notre vie danger pour nourrir et scolariser nos enfants”, déplore la jeune femme.

Elle a ensuite confié ses denrées à des transporteurs, avant que ces derniers ne renoncent définitivement à prendre la route, sous la menace des groupes djihadistes. Aujourd’hui, elle convoie quelques sacs de céréales par mototaxi. Mais ses profits ont fondu. Tout comme ceux de sa collègue Kotim Kargougou Kafando, 39 ans, qui s’en sort avec à peine 15 000 francs CFA par mois (environ 23 euros) contre 250 000 francs CFA (380 euros) il y a dix ans. “J’ai un bébé de 8 mois et je suis obligée de me battre pour soutenir mon époux, car son salaire de vigile ne suffit pas à nous prendre en charge”, dit-elle.

Cette succession d’entraves se répercute sur la disponibilité des céréales, et d’autres produits, sur le marché national, selon la Cenozo. Autre répercussion pour ces mères courage : la difficulté à rembourser leurs microcrédits.

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