Au bar du Ritz, pendant l’Occupation

Ernest Hemingway (à dr.) dans le bar du Ritz, à Paris, en juillet 1953. - Credit:Jack GAROFALO/PARISMATCH/SCOOP
Ernest Hemingway (à dr.) dans le bar du Ritz, à Paris, en juillet 1953. - Credit:Jack GAROFALO/PARISMATCH/SCOOP

Paris, juin 1940. L'ennemi est dans la place mais, place Vendôme, Gabrielle Chanel, Sacha Guitry, Jean Cocteau et Barbara Hutton boivent des frozen daïquiris doubles avec Otto von Stülpnagel, Ernst Jünger et Hermann Göring. Le propriétaire du Ritz est suisse, la Suisse est neutre, le bar restera ouvert.

Dans les verres préparés par Frank Meier, « le plus grand barman du monde » : « Une moitié de nostalgie, un tiers de tristesse, une larme d'abandon et deux traits d'espoir », écrit Philippe Collin, auteur, producteur de podcasts historiques (sur Blum, Pétain, Molière ou la comtesse du Barry) aux millions de téléchargements.

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Le cocktail le plus explosif du printemps

Au dehors, c'est la guerre, la haine, le feu, le couvre-feu ; au-dedans, il n'y a que les glaçons qui se cognent, c'est la drôle de paix, éthylique et faux-cul. Après tout, « les Allemands sont des gens comme les autres », non ? Pour Marie-Louise Ritz, veuve du maître des lieux et qu'un souffle de patriotisme enrhume, l'essentiel, c'est d'être du côté des vainqueurs.

Derrière le bar, on arrose poliment la Wehrmacht, mais on est un peu moins camarade avec elle. Meier : juif autrichien, ancien de Verdun – côté français – et chef d'orchestre de l'évasion spectaculaire d'un Anglais depuis sa planque dans les cuisines jusqu'au musée du Jeu de paume, par souterrain. Luciano : juif, repéré par le livreur de primeurs dans les pissotiè [...] Lire la suite