Attention si vous postez des photos de vos enfants sur les réseaux sociaux

Une pratique particulièrement en vogue durant les vacances d'été sur Instagram, TikTok ou Facebook, mais qui n'est pas sans risques, alerte une association.

Photo d'illustration / Getty Images
Photo d'illustration / Getty Images

Une photo de vos enfants sur la plage, en train de manger une glace ou sur son vélo publiée sur les réseaux sociaux pour partager avec vos abonnés vos vacances à distance. Ce réflexe a priori anodin, devenu une habitude ces dernières années, n'est pourtant pas sans conséquences, préviennent plusieurs spécialistes.

Au point que le législateur veut encadrer la pratique, avec une proposition de loi déposée en janvier 2023 visant à garantir le respect du droit à l'image des enfants. Parmi les mesures proposées, l'introduction de la notion de vie privée dans la définition de l’autorité parentale afin d'inscrire l'obligation des parents de veiller au respect de la vie privée de leur enfant, ou encore le fait d'imposer l'accord des deux parents avant la diffusion publique de contenus relatifs à la vie privée d'un enfant.

Objectif sensibilisation

Une proposition de loi qui est intervenue notamment après un rapport annuel de la Défenseure des droits, Claire Hédon. En novembre 2022, à l'occasion de la journée internationale des droits de l'enfant, la Défenseure des droits avait pointé du doigt les largesses concernant le respect à la vie privée pour les enfants.

"Une prise de conscience", salue Laura Morin, directrice de l'association Enfant Bleu, qui lutte contre les violences faites aux enfants et qui publie un livre accessible gratuitement en ligne, destiné à être lu aux enfants mais qui sensibilise aussi les parents aux problématiques autour des photos publiées sur les réseaux sociaux.

Le "sharenting", une pratique à risque

"La génération des parents n'est pas née avec les réseaux sociaux. On se rend compte qu'il y a plein d'éléments qui ne sont pas forcément connus de tous. Quand on devient parent, on découvre et apprend beaucoup de choses, et désormais le numérique lié aux enfants doit en faire partie", nous explique la directrice de l'association.

Ce qui inquiète tout particulièrement Laura Morin, c'est le "sharenting", c'est-à-dire la publication par les parents sur les réseaux sociaux de contenus, photos ou vidéos, où apparaissent leurs enfants. "Il y a des éléments simples à respecter pour protéger au maximum ses enfants : sécuriser ses réseaux sociaux en réglant la confidentialité, bien vérifier avec qui on est 'ami' sur les réseaux sociaux, et être vigilant sur les photos de ses enfants que l'on met en ligne", alerte la directrice de l'Enfant bleu.

"50% des photos sur des sites pédocriminels proviennent de comptes de parents"

Selon une étude britannique de 2018, 22% des parents d’enfants de moins de 13 ans permettent à des inconnus de voir leurs publications sur Facebook, tandis que 61% affirment que moins de la moitié de leurs amis sur Facebook sont de "vrais amis". Toujours selon cette étude, 13% n’ont jamais revu leurs paramètres de confidentialité ou n’ont aucune idée de la façon de le faire, tandis que 20% ne les ont pas vérifiés depuis plus d’un an.

Car le signal d'alarme qui est tiré, c'est que ses photos, posées de manière anodine et bienveillante par les parents, peuvent être détournées. "50% des photos qu'on retrouve sur des sites pédocriminels proviennent de comptes de parents. Parmi les dossiers sur lesquels les enquêteurs tombent, beaucoup se nomment 'enfant à la plage, enfant joue dans la piscine...' ce sont des photos a priori anodines, qu'il faut éviter de poster", poursuit Laura Morin.

Les parents publient en moyenne 100 photos par an de leur enfant sur les réseaux sociaux

Des chiffres tirés d'une enquête du bureau du commissaire chargé de la protection de l'enfance sur internet en Australie en 2015. Les enquêteurs avaient alors retrouvé 45 millions d'images d'enfants sur un site pédopornographique dont "environ la moitié s'est révélé provenir des réseaux sociaux", rapporte France info.

Selon cette même étude britannique, les parents publient 100 images par an de leur enfant dès sa naissance, soit 1 300 photos ou vidéos publiées en ligne à l'âge théorique où il peut se créer son propre compte, à 13 ans.

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