Attention, « paysans sensibles » !

Banderolles de protestation installées sur le plateau de l'Aubrac.  - Credit:Jean-Paul Pelras
Banderolles de protestation installées sur le plateau de l'Aubrac. - Credit:Jean-Paul Pelras

« Pays de plein vent », disait Julien Gracq pour qualifier le plateau de l'Aubrac. L'écrivain faisait peut-être référence à l'« écir », ce vent qui égare hommes et troupeaux dans la tourmente lorsque deux dizaines de degrés et parfois davantage s'aventurent, là-haut, au-dessous de zéro. Depuis quelques mois, il est un vent plus inhabituel qui souffle en Margeride, sur le nord de la Lozère et jusqu'aux cimes du Cantal ou de l'Aveyron. Celui de la colère qui ne lutte pas contre le caprice des éléments, mais contre un dogme totalement déconnecté des réalités et des pratiques locales.

Au printemps dernier, bien avant que les syndicalistes agricoles se mettent à retourner les panneaux à l'entrée des communes, d'autres signalisations tout aussi insolites se sont invitées dans le paysage. « Non aux prairies sensibles », ou encore : « Laissez péter nos vaches », pouvait-on lire sur ces petites routes par où transhument, dès le 25 mai, les « Aubrac » vers les estives.

À LIRE AUSSI « Le modèle agricole de demain sera à la fois durable et intensif »

Si le second message faisait clairement allusion à l'acharnement des écologistes envers les professionnels de l'élevage, le premier suscitait auprès du chaland certaines interrogations. « Prairies sensibles » ? Il s'agit d'un classement qui concerne 27 300 hectares, principalement situés en Lozère. Classement qui tend à sanctuariser un territoire et impose des contraintes préjudiciables aux exploitations en termes de rentabi [...] Lire la suite