Attentats d'Ankara: «Le modus operandi évoque les jihadistes»

Sur les lieux de l'attentat, samedi, à Ankara.

Pour l’universitaire turc Ahmet Insel, le président Erdogan «a créé les conditions pour que le parti prokurde soit visé». Mais il rappelle qu’«il n’y a aucune preuve que le pouvoir ait organisé ou même favorisé un tel attentat».

L’économiste et politologue Ahmet Insel, directeur de la revue Birikim, est une figure majeure de la scène intellectuelle turque. Il vient de publier aux éditions la Découverte la Nouvelle Turquie d’Erdogan. Il revient pour Libération sur les attentats qui ont frappé Ankara samedi, faisant au moins 95 morts.

Pourquoi le HDP (Parti démocratique des peuples), prokurde, était-il visé dans le double attentat d’Ankara ?

Il est encore difficile de savoir si ce parti, issu du mouvement kurde mais désormais ouvert à toutes les diversités, était réellement la principale cible des tueurs. La manifestation pour la paix qui allait se dérouler à Ankara samedi réunissait aussi beaucoup d’autres composantes de la société civile, les syndicats du secteur public, le barreau ou l’ordre des médecins. Mais aussi une partie de la la gauche comme le CHP (Parti républicain du peuple), la principale force de l’opposition, héritière proclamée de Mustafa Kemal, le fondateur de la république laïque et jacobine sur les décombres de l’Empire ottoman.

Il n’en reste pas moins que depuis des semaines, le HDP est victime d’attaques systématiques de la part des fidèles du pouvoir islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan. Plus de 400 sièges du parti ont été attaqués ou détruits. Des dirigeants locaux du mouvement – notamment dans le sud-est du pays, peuplé en majorité de Kurdes – ont été arrêtés. Bien que ce parti ait recueilli quelque 13 % des voix et 80 sièges lors des élections du 7 juin, il est désigné à la vindicte publique par l’AKP et par Erdogan, qui le dénonce comme une pure et simple émanation du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui mène la lutte armée contre Ankara depuis 1984. Il s’agit de criminaliser le HDP pour en détourner les électeurs (...)

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