Attentats meurtriers contre des mosquées à Sanaa

SANAA (Reuters) - Trois mosquées de Sanaa et la représentation politique des miliciens chiites houthis ont été visées mercredi par des attentats à la voiture piégée qui ont fait une cinquantaine de victimes, morts et blessés confondus, a-t-on appris de sources proches des services de sécurité yéménites. Ils ont été revendiqués par la branche locale de l'Etat islamique, qui profite de la guerre civile pour s'implanter au Yémen. "Les soldats de l'Etat islamique au Yémen, dans une vague d'opérations militaires menées pour venger les musulmans victimes des apostats houthis ont fait exploser quatre voitures piégées près de hauts lieux de l'apostasie houthie", dit le mouvement dans un communiqué. L'EI avait déjà revendiqué les attentats du 20 mars, qui ont fait 137 morts dans deux mosquées de Sanaa. "Quatre voitures piégées visant le bureau politique d'Ansaroullah, la mosquée Hachouch dans le quartier de Djiraf, la mosquée Kibsi dans le quartier de Zira et la mosquée Koubat al Khadra ont fait des dizaines de martyrs et de blessés", a déclaré à Reuters un membre des services de sécurité ayant requis l'anonymat. "Les membres de l'Etat islamique et d'autres agents étrangers du même genre, après avoir été vaincus et chassés, ont maintenant recours à leurs vils attentats ignobles et lâches", écrit le dirigeant houthi Yahya Ali al Kahoum sur Twitter. Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), branche la plus active du groupe, a également commis de nombreux attentats au Yémen, mais s'en prend rarement aux lieux de culte. Son chef Nasser al Wouhaïchi a été tué récemment par un drone américain. AUCUN PROGRÈS À GENÈVE Les deux mouvements considèrent les Houthis, membres de la branche zaïdite du chiisme et soutenus par l'Iran, comme des apostats qui méritent la mort. Les miliciens chiites originaires du nord du pays se sont emparés en septembre de la capitale yéménite et tiennent désormais la majeure partie du pays, ce qui a contraint le président Abd-Rabbou Mansour Hadi et son administration à s'exiler en Arabie saoudite. Ils se heurtent toutefois à la résistance de tribus sunnites qui font parfois cause commune avec les djihadistes et sont les cibles des bombardements aériens de la coalition formée à l'initiative de Ryad pour enrayer leur progression. Quelques heures avant les attentats de Sanaa, des miliciens houthis avaient dynamité la résidence d'Abdelaziz Djoubari, numéro deux de la délégation du gouvernement en exil qui participe à la conférence de paix organisée à Genève. Selon Yassine Abdoulla, ministre yéménite des Affaires étrangères qui dirige la délégation, "aucun progrès" n'a pu être accompli mercredi puisque les représentants houthis ne sont pas venus. "Nous étions censés avoir quelque chose de positif aujourd'hui. Ils (les délégués houthis) sont simplement restés dans leur hôtel à diffuser tout un tas de rumeurs. Ils ne se sont jamais présentés", a-t-il déploré. Prié de dire s'il entendait poursuivre les discussions, il a répondu : "Nous avons 48 heures". (Mohammed Ghobari, Pierre Sérisier et Jean-Philippe Lefief pour le service français)