Attentat de Trèbes: pour son supérieur, le geste d'Arnaud Beltrame était "héroïque, incontestablement"

Mardi, au deuxième jour du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, le colonel Sébastien Gay témoignera devant la cour d'assises spéciale. Celui qui était alors patron des gendarmes de l'Aude souhaite "faire le récit de ce que la gendarmerie à fait ce jour-là, de façon tout-à fait admirable" et "parler de (s)on adjoint en tant que chef", a-t-il confié à Franceinfo.

Son adjoint, qu'il connaissait depuis trente ans, c'était Arnaud Beltrame. Le gendarme a été tué à Trèbes en mars 2018 par Redouane Lakdim après avoir pris la place d'otage d'une hôtesse de caisse d'un Super U.

Le colonel Gay, désormais en poste à la direction centrale de la gendarmerie, explique que des unités du groupement de gendarmerie de l'Aude se trouvaient déjà dans le supermarché lorsqu'il est arrivé sur place le matin du 23 mars 2018.

"Assez rapidement (...), on arrive à une situation stabilisée où on a évacué les derniers clients, dernières victimes potentielles, du supermarché. Le terroriste est fixé, immobilisé à un endroit avec un otage", raconte-t-il. "Donc la crise n'est pas terminée, mais on sait qu'à priori nous n'aurons pas de victime supplémentaire."

Une nouvelle "comme un uppercut au foie"

Quelques minutes après ce compte rendu de situation, le colonel apprend une nouvelle qu'il "prend comme un uppercut au foie": "Arnaud Beltrame vient de s'échanger avec le dernier otage", Julie Grand.

La nouvelle le "secoue" mais à ses yeux, "la situation tactique n'a pas changé". Dans le Super U, il y a toujours "un preneur d'otages et un otage".

Grièvement blessé au couteau par Redouane Lakdim après l'assaut lancé par le GIGN de Toulouse en début d'après-midi, Arnaud Beltrame meurt le lendemain à l'hôpital. Quelques jours plus tard, il est élevé au grade de colonel à titre posthume et un hommage national est rendu aux Invalides à ce "héros" dont la "grandeur a sidéré la France", selon Emmanuel Macron.

Pour le colonel Sébatien Gay, la décision d'Arnaud Beltrame "ne correspond pas à la doctrine" et "on pourra débattre sur le sujet à l'envi, mais ce geste, c'est un geste individuel, personnel et héroïque, incontestablement".

Un geste corrrespondant finalement à la personnalité du gendarme tué, qu'il décrit comme "quelqu'un de très engagé", "qui avait beaucoup d'idées" et "proposait des idées très originales" tout en étant "respectueux de la hiérarchie et des cadres".

Article original publié sur BFMTV.com