Attentat de Moscou : une semaine après l’attaque du Crocus City Hall, où en est l’enquête ?

Au moins 143 personnes sont mortes dans l’attaque revendiquée par le groupe État islamique au Khorassan.

Il y a une semaine jour pour jour, des assaillants débarquaient dans le Crocus City Hall, près de Moscou, et ouvraient le feu sur les spectateurs venus assister au concert du groupe Piknik. Si l’attentat, qui a fait 143 morts, a été revendiqué par le groupe État islamique au Khorassan, Vladimir Poutine et les autorités russes ne cessent de vouloir impliquer l’Ukraine dans ce drame.

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Le HuffPost fait le point sur les investigations menées par le Comité d’enquête russe, structure placée directement sous l’autorité de Vladimir Poutine et dont l’indépendance est ainsi sujette à caution.

· L’EI confirme l’arrestation des quatre auteurs de l’attaque

L’État islamique a confirmé ce vendredi 29 mars l’arrestation des quatre auteurs de l’attentat dans la salle de concert. Dans son édition publiée ce vendredi à l’aube, al-Nabaa, hebdomadaire de l’organisation jihadiste, confirme que « quatre combattants, qui sont des soldats du califat », ont attaqué la salle dans la banlieue de Moscou.

Trois d’entre eux ont utilisé des mitrailleuses, tandis que le quatrième était chargé de provoquer un incendie, selon al-Nabaa. Les assaillants ont ensuite été la cible d’une « course-poursuite » menée par des forces terrestres et aériennes, et qui s’est terminée par leur « encerclement » dans une forêt.

Présentés à la justice russe en début de semaine, ces quatre suspects sont apparus blessés – l’un d’eux était sur une chaise roulante, les yeux fermés, un autre avait un bandage blanc à l’oreille… – faisant planer de lourds soupçons de torture qui n’ont pas été démentis par le Kremlin. « Je laisserai cette question sans réponse », a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine.

Les quatre, tous Tadjiks, sont accusés de « terrorisme » et encourent la prison à perpétuité. Selon le tribunal, deux d’entre eux ont plaidé coupable. La détention des quatre hommes, pour l’instant fixée jusqu’au 22 mai, peut être prolongée dans l’attente de leur procès, dont la date n’a pas encore été déterminée.

· Interpellations en Russie et au Tadjikistan

Outre ces quatre suspects principaux, huit personnes ont été interpellées pour leur implication dans la préparation de l’attentat. Le Comité d’enquête a annoncé jeudi 28 mars l’arrestation d’un nouveau suspect, soupçonné d’avoir participé au financement de l’opération. Avant cela, sept personnes avaient été mises en examen, dont trois placées en détention provisoire.

Outre ces interpellations en Russie, l’agence britannique Reuters rapporte ce vendredi 29 mars que le Comité de sécurité nationale du Tadjikistan a arrêté cette semaine neuf personnes soupçonnées d’avoir des liens avec les suspects de la fusillade ainsi qu’avec le groupe État islamique au Khorassan.

· La prétendue piste ukrainienne

Depuis l’attentat, les autorités russes ont répété que l’Ukraine était liée à la tuerie, malgré les fermes démentis de Kiev et la revendication du groupe État islamique dès le lendemain de la tuerie. Peu après les faits, Vladimir Poutine a affirmé que les suspects avaient été arrêtés alors qu’ils tentaient de fuir en Ukraine, où une « fenêtre » leur permettant de franchir la frontière avait été préparée du côté ukrainien.

Ce jeudi 28 mars à nouveau, à l’issue d’une « réunion opérationnelle », le Comité d’enquête a affirmé avoir des « preuves » des liens entretenus par les assaillants avec les « nationalistes ukrainiens ». Les quatre suspects auraient ainsi reçu d’« importantes sommes d’argent et des cryptomonnaies en provenance d’Ukraine, qui ont été utilisées pour la préparation de ce crime », a indiqué le service d’enquête, qui n’a toutefois rendu public aucun document.

La réaction de la Maison blanche n’a pas tardé : les dirigeants russes sont des « marchands de fumier » essayant de diffuser une « propagande absurde ». L’EI est « seul responsable » de l’attaque, a poursuivi John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

· L’EI appelle à de nouvelles attaques

Le porte-parole de l’organisation terroriste État islamique, Aboe Hoedhayfah Al-Ansari, s’est à nouveau félicité de l’attaque jeudi 28 mars, selon l’ONG américaine spécialisée SITE Intelligence Group. Comme l’a repéré La Libre Belgique, le porte-parole a surtout appelé les loups solitaires de l’organisation à commettre de nouvelles attaques en ciblant spécifiquement les chrétiens et les juifs, en particulier en Europe, aux États-Unis, à Jérusalem et en Palestine.

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