Attentat de Nice : que cherche l’Etat islamique ?

Un nouvel attentat ensanglante le pays. Plus de 80 morts. Des civils, hommes femmes enfants. Les morts et les blessés ne font pas la guerre à l’EI, et pourtant, ils meurent.

Certains groupes terroristes donc l’ETA espagnol s’attachaient à frapper des cibles qui incarnaient le pouvoir de “l’Etat oppresseur et centralisateur”. Casernes militaires, gendarmes, policiers, ministères. L’Etat islamique lui, frappe les civils. Le plus grand nombre possible. Pourquoi ?

Daesh a un but bien précis

Par folie ? Non. La barbarie qui anime l’EI ne doit pas masquer la rationalité militaire de cette organisation. Daesh recule militairement. Il perd des villes et du terrain en Irak et en Syrie. Son objectif est donc de réalimenter le chaos et la peur pour déstabiliser ses ennemis extérieurs sur leur propre terrain. France, USA, pays européens ou arabes (Arabie saoudite, Qatar) doivent être frappés forts et régulièrement.

Même si cette semaine par exemple, deux djihadistes français sont morts dans des bombardements, l’objectif n’est pas de rendre coup pour coup. L’Etat islamique n’ambitionne pas de détruire la France, évidemment. Son but de guerre est autre : pousser le président français à se désengager.

Pour cela, l’objectif est de retourner l’opinion publique française, nous faire lâcher. Que peu à peu se répande l’idée que le coût de cette guerre est trop élevé. Que trop de Français meurent chez eux, dans leur pays, pour une guerre lointaine qui ne nous concernent pas directement. Alors, par le vote, par les débats, par des articles, la pression monterait sur la classe politique française qui de guerre lasse finirait par se dire : “on se désengage. On sort de la coalition. On arrête de bombarder l’EI.”

L’exemple de l’Afghanistan

Ce serait la victoire de Daesh. Il se serait débarrassé d’un de ses ennemis. Pas en l’anéantissant, mais en le faisant sortir de la guerre. Et les USA pourraient suivre. Il suffit de voir combien Obama a été prudent sur l’idée de bombarder en Syrie pour comprendre que la coalition est au fond assez fragile.

Voilà l’objectif du terrorisme. Nous faire lâcher. Et ne vous y trompez pas, du jour où l’annonce serait faite d’un désengagement, la menace terroriste disparaitrait en 24 h. la France deviendrait un pays qu’il ne faudrait en aucun cas attaquer pour l’EI. Histoire que le message soit bien clair.

Ce ne serait pas nouveau. Regardez l’Afghanistan. La France s’est désengagée, tout comme les USA, le Canada et d’autres. La situation là-bas est-elle stabilisée ? Non. Les Talibans ont-ils été éradiqués ? Au contraire, ils reviennent en force. Le pays est-il devenu démocratique ? Pas du tout. Les chefs de guerre gardent la main haute sur le pays, le trafic de drogue se porte bien et il vaut toujours mieux là-bas avoir une Kalachnikov et un champ de pavot plutôt qu’un diplôme. Et pourtant, tout le monde en est reparti.

Au fond, l’objectif de guerre de l’EI, nous faire changer d’avis, est sans doute plus réaliste que le nôtre qui cherche à les anéantir jusqu’au dernier.