Attaque des taliban contre le Parlement afghan à Kaboul

Les forces de sécurité afghanes ont mis en échec lundi une attaque lancée par les taliban contre le Parlement afghan à Kaboul. Six membres du commando qui avaient pris position près du bâtiment ont été tués, tandis qu'un septième membre a précipité une voiture piégée devant l'entrée du Parlement. /Photo prise le 22 juin 2015/REUTERS/Mohammad Ismail

KABOUL (Reuters) - Les taliban ont mené lundi une attaque impliquant un kamikaze et six hommes armés contre le Parlement afghan à Kaboul au moment où se tenait une séance pour désigner un nouveau ministre de la Défense. L'attaque, qui a coûté la vie à une femme et fait une trentaine de blessés parmi les civils, a débuté alors que les parlementaires auditionnaient Masoom Stanikzai, ministre par intérim et troisième candidat à briguer le portefeuille de la Défense depuis le début de la législature. Un assaillant a d'abord fait exploser la voiture piégée dans laquelle il circulait devant les grilles du parlement, a dit la police de Kaboul, laissant en suspens la question du franchissement des points de contrôle censés protéger le bâtiment. Puis, six hommes armés ont pris position dans un immeuble voisin sans jamais parvenir à franchir les grilles de protection. Un soldat, Essa Khan, qui était en service à l'intérieur des locaux au moment de l'attaque, dit avoir abattu trois assaillants qui tentaient d'entrer dans l'enceinte du parlement avant de participer à la riposte des forces de sécurité marquée par des échanges de coups de feu prolongés. "J'ai su qu'il s'agissait des taliban dès le premier instant. J'ai pris mon arme et j'en ai tué trois", a raconté Essa Khan, 28 ans, dont le fait d'armes a été largement relayé par la presse locale. Le chef de la police de Kaboul a annoncé que les parlementaires étaient tous sains et saufs. Les travaux des parlementaires étaient retransmis en direct à la télévision lorsque la déflagration s'est produite. Sur des images télévisées, on voit les parlementaires évacuer calmement le bâtiment noyé dans un nuage de fumée et de cendres. Plusieurs parlementaires ont ensuite critiqué l'incapacité des services de sécurité à empêcher une telle attaque qui a été revendiquée par un porte-parole des taliban, Zabihullah Mujahidpar. "C'est un grave échec pour les services de renseignement et de sécurité du gouvernement", a dénoncé le député Farhad Sediqi. Le départ des troupes combattantes étrangères et la diminution des frappes aériennes ont permis aux taliban d'étendre leur champ d'action et de multiplier les attaques à Kaboul et dans plusieurs provinces, notamment dans le nord du pays. Lundi, des centaines de taliban lourdement armés se sont emparés d'un nouveau district de la province de Kunduz, Dasht-e-Archi, un jour après avoir pris le district de Chardara. Le gouverneur de Dasht-e-Archi, Nasruddin Saeedi, a déclaré à Reuters de Kunduz, où il a trouvé refuge, que son district était encerclé depuis plusieurs jours et que tous ses appels à l'aide étaient restés sans réponse. "Il y a beaucoup de combattants étrangers avec des mitrailleuses lourdes. Nous avons demandé des renforts mais ils ne sont pas arrivés", a-t-il dit. (Hamid Shalizi et Minwais Harooni, Henri-Pierre André, Tangi Salaün et Pierre Sérisier pour le service français)