Des bébés tués dans l'attaque d'un hôpital à Kaboul, 24 morts à un enterrement

DES BÉBÉS TUÉS DANS L'ATTAQUE D'UN HÔPITAL À KABOUL, 24 MORTS À UN ENTERREMENT

par Abdul Qadir Sediqi, Hamid Shalizi et Ahmad Sultan

KABOUL/JALALABAD (Reuters) - Des hommes armés ont attaqué mardi un hôpital de Kaboul au sein duquel l'organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) s'occupe d'une maternité, tuant au moins 16 personnes dont deux nouveaux-nés, ont déclaré les autorités afghanes.

Dans l'est du pays, dans la province de Nangarhar à la frontière avec le Pakistan, 24 personnes ont été tuées et 68 autres blessées dans un attentat suicide commis lors des funérailles d'un chef de la police auxquelles assistaient des responsables nationaux et un député, a dit un porte-parole de l'exécutif provincial, selon lequel le bilan risque encore de s'alourdir.

Les taliban, que les Etats-Unis tentent d'impliquer dans des négociations de paix avec le pouvoir à Kaboul, ont rejeté toute responsabilité dans ces deux attaques et on ignore qui en sont les auteurs.

Le groupe Etat islamique (EI), autre mouvement djihadiste, est présent dans la province de Nangarhar et il a revendiqué plusieurs attaques spectaculaires ces derniers mois à Kaboul. Le chef de sa branche régionale, Abou Omar Khorasani, a été arrêté lundi dans la capitale afghane.

Mardi après-midi, les forces de sécurité afghanes avaient mis fin à l'attaque contre l'hôpital de Dasht-e-Barchi après avoir tué tous les assaillants.

Cette attaque, qui a aussi fait 15 blessés, a débuté dans la matinée lorsqu'au moins trois hommes armés déguisés en policiers ont fait irruption dans l'établissement en ouvrant le feu et en lançant des grenades, selon le récit des autorités.

DES MÈRES ET DES ENFANTS PARMI LES VICTIMES

L'hôpital de Dasht-e-Barchi, l'un des quartiers les plus pauvres de Kaboul dans l'ouest de la capitale, est un établissement d'une centaine de lits soutenu par MSF.

L'antenne locale de l'ONG a confirmé sur Twitter qu'une attaque avait eu lieu.

Sur son site internet, MSF explique que son activité au sein de cet hôpital consiste en "un service d’urgence spécialisé en soins obstétricaux et néonataux (...), l’une des rares offres de soins gratuites dans ce quartier de la capitale afghane (qui) compte aujourd’hui plus d’un million d’habitants".

Selon des représentants des ministères afghans de l'Intérieur et de la Santé, des mères, des enfants et du personnel soignant figurent parmi les victimes.

Le ministère de l'Intérieur a diffusé des photos montrant les cadavres de deux jeunes enfants allongés dans l'hôpital. Des soldats ont évacué des nourrissons, certains enveloppés dans des draps tachés de sang.

D'après les autorités, 100 personnes au total ont pu être sauvées, dont trois étrangers.

Le quartier de Dasht-e-Barchi abrite une importante communauté Hazara, une minorité essentiellement chiite déjà prise pour cible par le groupe Etat islamique, notamment en mars lors d'une cérémonie commémorant la mort de l'un de ses dirigeants.

Amnesty International a condamné les deux attaques survenues ce mardi en Afghanistan.

"Les crimes de guerre insensés aujourd'hui en Afghanistan, visant une maternité et un enterrement, doivent faire prendre conscience au monde des horreurs que les civils continuent d'endurer", écrit l'organisation de défense des droits de l'homme sur Twitter. "Les responsables de ces graves crimes doivent rendre des comptes."

(Avec Rupam Jain et Ahmad Sultan; version française Claude Chendjou et Bertrand Boucey, édité par Henri-Pierre André)