Attaque au couteau à Bordeaux: l'un des policiers livre le récit de l'intervention

Son statut syndical lui permet de parler à visage découvert. Bruno Vincendon, délégué Alternative police, est intervenu à Bordeaux après l'attaque au couteau qui a fait un mort et un blessé, ce mercredi 10 avril dans la soirée.

"On est en patrouille place Stalingrad quand on nous annonce plusieurs victimes au niveau du miroir d'eau", site touristique de la ville, "et un individu en fuite vers le pont de pierre", se remémore-t-il.

"On ne sait pas si c'est du 'terro' (terrorisme, NDLR) ou une simple agression (...) Il y a l'adrénaline qui monte, on s'engage sans réfléchir pour l'interpeller et le remettre à la justice", raconte-t-il. "La tension monte toute de suite, le but est de retrouver l'individu le plus rapidement possible", poursuit Bruno Vincendon.

La procureure de Bordeaux Frédérique Porterie a déclaré ce jeudi qu'"aucun élément ne permet de rapprocher cette attaque d'un motif terroriste" mais qu'elle est liée à un différend sur la consommation d'alcool entre les victimes et l'assaillant.

Gestes de premiers secours

Accompagné d'un gardien de la paix et d'un élève policier, Bruno Vincendon passe en voiture le pont de pierre qui enjambe la Garonne et "arrive à la porte de Bourgogne". "Quand on sort de la voiture, on entend les détonations. On voit en contrebas notre collègue qui fait feu sur l'individu à trois reprises". Celui-ci "s'écroule aussitôt" sur les quais.

"À ce moment-là, on part en courant au contact de l'individu. On met notre collègue à l'abri et on s'assure que l'individu n'a pas d'explosifs sur lui", poursuit le policier.

L'assaillant présumé, touché au thorax, est en arrêt cardiaque. "On pratique les premiers gestes de secours pendant 15 à 20 minutes jusqu'à l'arrivée des secours qui déclarent la mort", explique-t-il.

Selon ce syndicaliste, l'assaillant présumé a "chargé" son collègue policier avec un couteau. "Il n'a pas eu le choix" de tirer, selon lui. "Il est équipé et formé contre les tueries de masse, il a donc un fusil d'assaut. Il a neutralisé l'individu comme c'est prévu par la loi", affirme Bruno Vincendon.

La légitime défense "envisagée"

Selon les témoignages recueillis et évoqués durant sa conférence par la procureure de Bordeaux, le policier a "a agi alors que les sommations d'usage avaient été faites" et "les constatations médicolégales sont concordantes avec les témoignages des trois policiers présents sur les lieux".

Selon Frédérique Porterie, les premiers éléments de l'enquête confirment aussi "que le policier a fait feu alors que l'assaillant lui faisait face, arme à la main". En l'état des investigations, "la piste de la légitime défense est envisagée et "l'usage de l'arme apparaît proportionné aux circonstances", a-t-elle précisé.

Une enquête a été ouverte pour "homicide volontaire" et confiée à l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) pour faire toute la lumière sur les conditions de cette intervention.

Article original publié sur BFMTV.com