Attaque au couteau à Annecy : un an après le drame, où en sont l’enquête et l’expertise psychiatrique du suspect ?

Un an après l’attaque au couteau, le parc public a retrouvé sa tranquillité à Annecy, alors que l’enquête est encore loin de son terme.
OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP Un an après l’attaque au couteau, le parc public a retrouvé sa tranquillité à Annecy, alors que l’enquête est encore loin de son terme.

FAITS DIVERS - Les images de cette matinée hantent encore les familles de victimes. Un an jour pour jour après le drame qui a secoué la ville d’Annecy, l’enquête sur cette violente attaque au couteau se poursuit en Haute-Savoie. Ce jour-là, un homme armé d’un couteau s’en était pris à plusieurs enfants en bas âge et à des personnes âgées avant d’être freiné par des passants et interpellé par la police.

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Douze mois après l’attaque traumatisante du 8 juin 2023, où la piste terroriste avait été rapidement écartée, Le HuffPost fait le point sur l’instruction pour laquelle le suspect est toujours mis en examen pour tentative d’assassinat.

· Rappel des faits

Jeudi 8 juin 2023. De nombreux habitants profitent d’une matinée ensoleillée dans les Jardins de l’Europe, un parc très fréquenté situé sur les rives du lac d’Annecy. Peu après 9h30, un homme vêtu d’un short noir et d’un foulard bleu noué sur la tête s’attaque alors à quatre enfants sur l’aire de jeux du Pâquier.

Une vidéo tournée par un témoin de la scène montre alors un homme, protégé par plusieurs sacs à dos, tenter de s’interposer malgré la panique. Peu de temps après, d’autres individus lui viennent en aide pour mettre en fuite l’agresseur. Ce dernier aura quand même le temps de s’en prendre à deux promeneurs septuagénaires, avant d’être finalement interpellé par la police moins de quatre minutes après le premier appel aux secours.

Malgré les gestes héroïques de plusieurs passants, le bilan de l’attaque est lourd, avec six blessés graves, dont quatre enfants âgés de 22 à 36 mois. Parmi les enfants se trouvaient deux jeunes français, ainsi qu’une petite fille néerlandaise âgée de 22 mois et une autre de nationalité britannique, âgée de trois ans.

· Abdalmasih H.

L’auteur de l’attaque est identifié très rapidement après son interpellation. Il s’agit d’Abdalmasih H., un réfugié syrien trentenaire dont les motivations sont alors très floues. En effet, plusieurs témoins de la scène disent l’avoir entendu « évoquer sa femme et sa fille et prononcer le nom de Jésus Christ » lors de l’attaque.

La justice écarte pourtant la piste terroriste, après s’être attardée sur son profil et son lourd passif après plusieurs années passées en Suède.

L’homme avait échappé à la guerre en Syrie en fuyant par la Turquie. En 2013, il avait fini par obtenir le statut de réfugié en Suède, mais avait échoué à obtenir la nationalité suédoise. En mars 2022, l’homme avait quitté son pays d’accueil, après s’être séparé de son épouse, elle aussi réfugiée syrienne mais détentrice de la nationalité suédoise. En quittant la Suède, il avait laissé derrière lui sa fille, âgée de trois ans, un âge proche de celui des plus jeunes victimes d’Annecy.

Après un passage par l’Italie et la Suisse, Abdalmasih H. était arrivé à Annecy en octobre 2022, passant plusieurs mois dans la rue, jusqu’au jour de l’attaque.

· Expertise psychiatrique

Après avoir été mis en examen pour tentative d’assassinat et incarcéré plusieurs jours au centre pénitentiaire d’Aiton, en Savoie, Abdalmasih H. avait finalement été transféré dans un hôpital spécialisé de la région lyonnaise : l’unité hospitalière spécialement aménagée (USHA) du Vinatier de Bron.

Depuis cette date, la procureure d’Annecy Line Bonnet s’était montrée très discrète sur l’affaire. Jusqu’à la fin du mois de mai 2024. Lors d’une conférence de presse, la magistrate a confirmé qu’un an après les faits, l’expertise psychiatrique de ce réfugié syrien est toujours en cours.

Lors de la première expertise psychiatrique réalisée pendant sa garde à vue, « l’absence d’éléments délirants francs » avait été relevée. Le psychiatre qui l’avait examiné n’avait d’ailleurs pas été en mesure de se prononcer sur une éventuelle « pathologie psychiatrique ».

Line Bonnet a également fourni des nouvelles de l’homme, qui se dit « étranger aux faits » qui lui sont reprochés après avoir été longtemps muet face aux enquêteurs. À ce jour, il « est toujours incarcéré en unité psychiatrique », a précisé la procureure d’Annecy, avant d’ajouter qu’une nouvelle expertise psychiatrique est en cours.

Une nouvelle audition du suspect est également prévue en juillet, précise-t-elle, après avoir été « réentendue une première fois » depuis les faits, comme le précise l’Essor Savoyard.

· « Sérénité », avant un procès

Comprendre le geste d’Abdalmasih H. risque donc de prendre du temps. Auprès de France Bleu Haute-Savoie, la procureure d’Annecy a précisé que « deux juges d’instruction ont été saisis sur ce dossier », dont « l’instruction est toujours en cours ».

L’enquête « évolue et il y a encore des actes d’investigations à faire. Je souhaite qu’il y ait un procès mais l’instruction n’est pas terminée donc je ne peux pas savoir exactement ce qu’il en est », a-t-elle ajouté, avant d’évoquer les victimes et leurs familles, dont on ne sait que très peu de choses depuis le 8 juin 2023.

Six semaines après l’attaque, TF1 indiquait que les deux enfants français, Enio et Alba, étaient sortis de l’hôpital, mais placés sous surveillance médicale renforcée. Les deux autres enfants blessés étaient, eux, déjà sortis de l’hôpital à cette date. Tout comme les deux septuagénaires blessés : l’un avait pu rentrer chez lui le soir de l’attaque, tandis que l’autre avait passé plusieurs jours à l’hôpital avant de pouvoir sortir.

Line Bonnet précise que les familles de victimes ont été reçues en février dernier par les juges d’instruction pour un « point complet sur le déroulement des investigations ». Désormais, les familles souhaitent de la « sérénité » dans l’attente du procès. Raison pour laquelle la procureure s’est montrée aussi peu bavarde sur l’attaque d’Annecy ces derniers mois.

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