Attaque à Arras : une collègue de Dominique Bernard évoque ses souvenirs avec le professeur assassiné dans une lettre

Des personnes se rassemblent pour rendre hommage à la place des Héros à Arras, dans le nord-est de la France, le 15 octobre 2023, deux jours après l’assassinat de Dominique Bernard.
DENIS CHARLET / AFP Des personnes se rassemblent pour rendre hommage à la place des Héros à Arras, dans le nord-est de la France, le 15 octobre 2023, deux jours après l’assassinat de Dominique Bernard.

HOMMAGE - « Je n’oublierais jamais ta silhouette, sur le perron du lycée Gambetta ». Alors que 5 000 personnes se sont réunies, ce dimanche 15 octobre, à Arras, en mémoire de Dominique Bernard, professeur poignardé par un ancien élève radicalisé, les hommages sur les réseaux sociaux se multiplient.

L’attentat, commis par Mohammed. M, un Russe de 20 ans, a provoqué une onde de choc, en particulier chez les enseignants, déjà affectés il y a trois ans par l’assassinat d’un des leurs, Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.

Une lettre poignante signée par Aurélie Gille, une ancienne collègue et amie du professeur de français assassiné, a suscité une grande émotion sur Facebook, comme vous pouvez le voir dans la publication ci-dessous. Très bien écrite, l’enseignante y raconte ses souvenirs avec Dominique Bernard qu’elle aimait retrouver quotidiennement au collège lycée Gambetta-Carnot.

Une silhouette sur le perron

« Nous arrivions ensemble pour aller enseigner et que nous gravissions ces quelques marches, alourdis par nos sacs, nos copies, nos livres et nos idées », se remémore la professeure dans ce courrier, relayé par le quotidien L’Humanité.

Aurélie Gille décrit un homme « malicieux », qui avait toujours les bons mots pour faire rire. « Il était difficile de ne pas s’approcher, de ne pas t’écouter. De ne pas se laisser ravir par un conseil de lecture, une anecdote », se rappelle-t-elle.

Sa silhouette, qui restera gravée dans la mémoire d’Aurélie Gille, hantera désormais l’établissement : « Je la vois dans les couloirs, devant une classe un peu dispersée que ta présence ramenait au calme ». Cette même silhouette, elle la voit aussi sur le perron de l’établissement, où le professeur plaisantait à l’adresse des fumeurs : « alors, on se fume un petit clou de cercueil ? »

« Quelle ironie tragique que ce soit sur ce même perron où tu as usé tant de semelles que la vie t’ait été ravie », poursuit-elle dans cette lettre emplie d’émotion. « Quelle ironie aussi qu’un geste aussi sombre, aussi obscur, ait frappé celui que Victor Hugo aurait pu appeler un porteur de flambeau », conclut-elle, signant sobrement « Aurélie ».

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