Attaque à Annecy : le héros a « une fonction de réparation collective »

Henri d'Anselme, 24 ans, connu sous le nom de
Henri d'Anselme, 24 ans, connu sous le nom de

Lassana Bathily et la prise d'otages de l'Hyper Cacher (Paris, 2015), « le héros au scooter » Franck Terrier, sur la promenade des Anglais (Nice, 2016), le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame au Super U de Trèbes (2018), ou encore jeudi 8 juin, à Annecy, « le héros au sac à dos » Henri d'Anselme… La plupart des attaques commises ces dernières années sur le sol français voient émerger des « héros » qui, en s'interposant entre civils et assaillants, s'illustrent par leur courage et sang froid.

Le professeur d'histoire contemporaine à l'Institut français de presse (Paris 2), Fabrice d'Almeida, décrypte, pour Le Point, l'importance de ces figures d'exemplarité, pour l'opinion et la classe politique, et ce que leur exaltation dit de notre époque.

Le Point : Que nous racontent ces figures de « héros » que l'on voit émerger après un attentat ?

 - Credit: ©  Leemage via AFP
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L'historien francais Fabrice d'Almeida, en 2013. © Leemage via AFPFabrice d'Almeida : Ces figures remplissent avant tout une fonction de réparation collective et de fierté nationale. Elles sont importantes en cela qu'elles permettent, dans l'adversité, de construire un discours d'unité prônant des valeurs comme l'engagement et l'intérêt commun. Qu'elles parviennent ou échouent dans leur entreprise, elles ont voulu contredire un processus terroriste. Dans cette logique, le militaire Arnaud Beltrame, mort pour s'être substitué à une otage, incarne le « héros » absolu.

Mais l'exaltation de ceux qui prennent part au « combat » rap [...] Lire la suite