Attal veut rouvrir le dossier de l’assurance chômage et les syndicats sont déjà très inquiets

Attal (ici le 9 février) veut rouvrir le dossier « chômage » et les syndicats sont déjà très inquiets
LUDOVIC MARIN / AFP Attal (ici le 9 février) veut rouvrir le dossier « chômage » et les syndicats sont déjà très inquiets

POLITIQUE - Attention, nouvelles règles. Le gouvernement a bien prévu de durcir, à nouveau, les droits à l’assurance chômage, après deux réformes en ce sens en 2019 et 2023, et malgré la promesse initiale de contours plus souples en cas de situation dégradée sur le front de l’emploi.

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« Je suis favorable à ce qu’on rouvre ce chantier », a ainsi confirmé Gabriel Attal ce mardi 27 février sur RTL, en marge d’une nouvelle visite au salon de l’agriculture. Le tout, en citant trois raisons à cela : répondre aux conditions économiques qui se dégradent, à l’impression que les patrons cherchent à embaucher, et à la volonté des Français.

« À chaque fois que je me déplace, vous avez des gens qui cherchent à recruter », a-t-il ainsi plaidé, à rebours pourtant des chiffres officiels qui documentent le calme plat concernant la création d’emploi.

« Qu’est-ce que les chômeurs ont fait à Macron ? »

S’il n’est pas entré dans le détail de la nouvelle réforme à attendre ce mardi sur RTL, Gabriel Attal s’est fait plus précis, dimanche dans Le JDD. Et, sans surprise, il est question d’un nouveau rabotage de droits pour les personnes sans emploi.

« On est passé de 24 mois à 18 mois de durée d’indemnisation, on peut encore la réduire », a ainsi soufflé le Premier ministre, en mettant également sur la table la possibilité « d’accentuer la dégressivité des allocations. » En somme, autant de pistes qui font bondir les organisations syndicales… Mais pas seulement.

« Qu’est-ce que les chômeurs ont fait à Macron ? », demandait dès janvier la N.1 de la CFDT Marylise Léon. À la CGT, Denis Gravouil dénonce pour sa part le « nouveau chantage du gouvernement à ce qu’il reste de droits pour les chômeurs ». Il l’accuse de « mentir » en sous-entendant que « les allocations empêchent de chercher du travail ».

Autre « tartufferie » aux yeux du syndicaliste, la modulation des allocations en fonction de la situation du marché du travail (contracyclicité), appliquée depuis février 2023. La baisse des droits était alors « justifiée par la ’baisse’ du chômage » et « cette année, il remonte mais le gouvernement veut encore réduire les droits ».

Des résistances dans la majorité ?

Ce n’est pas tout. Même le président du Medef (le syndicat patronal), d’ordinaire favorable à ce genre d’initiative, semble tordre le nez. Pour Patrick Martin, réformer (encore) l’assurance chômage « fera probablement revenir à l’emploi 100.000 à 150.000 chômeurs ». Mais pour quel coût social ?

« En l’état, le climat social, le dialogue entre partenaires sociaux, sont plutôt apaisés : c’est important dans un pays assez inflammable, irritable et fracturé, de préserver cette bonne qualité de dialogue », a-t-il mis en garde début février, en insistant surtout sur « la priorité », que « la politique de l’offre se concrétise ».

Dans ce contexte, gageons que l’offensive du gouvernement sera de nature à satisfaire une partie de son camp, attaché à l’assainissement des comptes publics. Édouard Philippe s’est plaint, lundi, que l’on ne « réforme plus grand-chose » en la matière à l’heure actuelle. Elle risque, en revanche de heurter toute une frange attentive aux difficultés sociales.

« Ne jouer que sur le levier de l’assurance-chômage sera économiquement inefficace et fera voter Le Pen derrière », pointe ainsi la députée Renaissance Astrid Panosyan-Bouvet dans les colonnes de L’Opinion. Attention, danger ?

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