Attal relègue l’écologie au second plan dans sa déclaration de politique générale, les ONG outrées
POLITIQUE - On l’aurait presque oublié. Gabriel Attal a attendu la dernière partie de son grand oral, mardi à l’Assemblée nationale, pour évoquer les enjeux liés à la planification écologique. Lui, le second Premier ministre à être directement en charge de ces sujets, aura donc disserté près d’une heure sur l’éducation, la justice ou le « plein-emploi » avant de s’attaquer au morceau.
Les 10 annonces à retenir du grand oral de Gabriel Attal
Pour quel résultat ? La promotion d’une « écologie à la française » qui, à défaut de savoir ce qu’elle signifie, permet au gouvernement de dire ce qu’elle ne doit pas être à ses yeux : une écologie de la « brutalité », « punitive », « douloureuse. » En somme « contre le peuple. »
Alors le nouveau Premier ministre a dessiné les contours de deux ou trois dispositions, relativement floues, loin des projets clairement définis sur le « réarmement civique » ou la réduction des droits des personnes sans emploi. Une ambition qui tranche à nouveau singulièrement avec les promesses d’Emmanuel Macron avant sa réélection.
Portée relative
Soucieux de mettre en branle une « écologie populaire » et de ne pas courroucer davantage les agriculteurs, dont certains ciblent l’écologie politique comme responsable de leurs malheurs, Gabriel Attal a donc agité quelques menus objets. Le tout, en se faisant le chantre de l’énergie nucléaire.
Il a par exemple annoncé son intention de lancer un plan de réduction de la pollution plastique visant les 50 sites les plus générateurs en France. Une attention qui s’inscrit dans la stratégie nationale engagée par l’État dès le mois d’avril 2022 sur le plastique à usage unique, avec pour objectif une réduction de 20 % d’ici fin 2025.
Le chef du gouvernement a également promis le dépôt d’« un deuxième projet de loi industrie verte », afin notamment de « concentrer » les travaux de la Commission nationale du débat public « uniquement sur les projets d’envergure nationale » pour « gagner 6 mois dans les procédures ». Enfin, Gabriel Attal a promis la création d’un « service civique écologique » qui pourrait concerner jusqu’à 50 000 jeunes d’ici la fin du quinquennat.
Et ensuite ? Au-delà des doutes sur la portée réelle de ces annonces, difficile par exemple de savoir ce que le service civique pour l’écologie apportera en plus du service civique pour la nature, un programme lancé en mars 2022, les ONG regrette le manque de souffle du Premier ministre. Et le peu de temps consacré à ce sujet, malgré 80 minutes de discours, et une ribambelle d’annonces.
« Gabriel Attal est passé complètement à côté du sujet »
Pour Anne Bringault, la directrice des programmes du Réseau action climat, « Gabriel Attal est passé complètement à côté du sujet. » « Comment 50 000 jeunes engagés pour le climat pourraient engager la transformation de pans entiers de notre économie ? », a-t-elle réagi auprès de l’AFP, mardi soir, pointant les contradictions de l’exécutif qui parle « d’écologie populaire sans évoquer la hausse des prix de l’énergie et la stagnation du montant du chèque énergie ou encore l’accès au train et le ’passe rail’ qui est pourtant attendu. »
Mêmes critiques du côté de l’ONG Greenpeace. Selon eux, « le nouveau Premier ministre veut donner l’illusion qu’il a compris l’urgence climatique », mais « refuse de s’attaquer aux vrais responsables du dérèglement climatique » à savoir, les « entreprises des énergies fossiles. »
Quant aux Amis de la Terre, l’association déplore « une approche à contresens d’une transition juste et de l’urgence climatique ». Une flopée de critiques qui vient s’ajouter à celles des responsables de gauche ou écolos, consternés par la déclaration de politique générale du Premier ministre - et son cap droitier.
Derrière ces reproches, la mue de l’exécutif est-elle en train de s’achever ? « Mon quinquennat sera écologique ou ne sera pas », avait lancé Emmanuel Macron pendant l’entre-deux tours de la dernière présidentielle au printemps 2022. Pour l’instant, force est de constater que son Premier ministre - bien discret sur le sujet lors de sa passation de pouvoir à Matignon - s’inscrit davantage dans les pas d’une maxime rendue célèbre par un autre président de la République. Nicolas Sarkozy et l’environnement « ça commence à bien faire. »
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